En partant d'une configuration normale de visionnage de film donc sans influence politico-médiatique préalable, celui d'Alejandro Monteverde est largement au-dessus du panier moyen des productions Netflix /Amazon et plus proche de celles haut de gamme d'AppleTv dont parfois le très mannien Echo8.
La facture purement formelle (mise en scène, montage, interprétation, musique...) est à la fois chiadée et minimaliste (dialogues concis et ton oscillant entre la tension permanente et la contemplation). A ce titre, l'interprétation des enfants dont le duo séparé est proprement hallucinante de véracité. Certains plans sont très réussis que ce soit les close-up sur la détresse émanant du regard de l'agent du F.B.I. face à son boss comme celle déchirante des enfants dans le container.
Côté récit, c'est construit, concis, fluide et la fin bien menée, même si le trailer présente un actioner badass coutumier de l'acteur principal, ce que ce drame/biopic n'est clairement pas.
Au production-design, on ne sent pas un budget crowfunding mais une implication assez hors-norme du réalisateur et l'intense Cazievel. Et c'est là qu'on peut deviner effectivement la dimension christique (ici chrétien conservateur version US) et quasi sacrificielle du poreux Cazievel dans et hors écran (cf speech générique de fin) : il est prêt à tout perdre alors qu'il est mari (Mira Sorvino malheureusement décorative ici) et père d'une famille nombreuse (pas de parole donnée aux enfants de Ballard), mû par une foi 1ere degré que les medias woke détestent et adorent bannir. Y compris françaises à défaut de parler et de s'alarmer du sujet unique du film. Ce qui n'empêche pas d'être conscient des scandales autour (cf accusations récentes d'agressions sexuelles potentiellement commises par le vrai Ballard) mais ici l'objet est la simple critique du film, pas un examen de procès amateur.
La cinéphilie n'empêchant pas l'objectivité, peu importe si Cazievel est un attaché de presse zélé de la secte complotiste QAnon hors écran (ou alors il faut se scandaliser aussi pour l'extrême côté gauche au passé soixante-huitard parfois pédophile), Sound of freedom n'envoie aucun message prosélyte, apologie de la violence vigilante ou sous-texte parano subliminal. Il narre simplement avec élégance, force et sincérité le combat contre le marché exponentiel de l'esclavage sexuel pédophile. Un fléau qu'il faut effectivement faire connaître au plus grand nombre par la puissance du cinéma pour sauver au plus tôt ces enfants des monstres cachés dans le monde entier.