Le combo réalisateur au nom imprononçable et film sur les rouages de l’embrigadement sectaire a du bon. Première réalisation injustement boudée en France (on peut toujours espérer un direct-to-DVD, encore que…), Sound Of My Voice est, à l’instar du génial Another Earth, co-écrit par Brit Marling. Elle interprète ici une gourou à la beauté diaphane qui vit dans un sous-sol californien et qui clame venir du futur (2054 pour être précis). La force principale du film c’est qu’il réussit à nous balader d’une (in)certitude à l’autre pendant toute sa durée – le spectateur embrassant le même point de vue que celui des deux personnages principaux, se substituant à eux – jusqu’à la scène finale qui jette un trouble final sur la pellicule.
Astucieusement structuré comme un journal de bord (découpé en chapitres numérotés, chacun débutant là où le précédant culminait) – plus généralement comme un livre (les flashbacks rapides sur le passé des personnages), le film fait surtout la part belle à Brit Marling, fascinante, à la présence magnétique, à la fois solaire et inquiétante. Le suspens va crescendo, et alors que l’étau semble dangereusement se resserrer sur l’intrigue (par exemple dans l’ingénieuse scène des Cranberries), celle-ci s’en délivre et diverge en une pluralité de pistes possibles.
Et à l’enquête d’investigation de base se superpose rapidement un questionnement mental quant à la naissance d’une croyance. Quasi huit-clos dont on s’échappe par moment, Sound Of My Voice présente quelques défauts caractéristiques d’une première réalisation indé (trop de maniérisme par moments), mais il a le mérité d’oser, et ce jusqu’à son épilogue/flashback porté par Hot Chip.
En espérant qu’il trouve un jour la renommée qu’il mérite dans nos contrées.
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