Les douceurs de Suède
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Sommarnatens Leende (les sourires de la nuit estivale) est une comédie signée Ingmar Bergman (s'il vous plaît), dans lequel il explore avec une légèreté tout à fait appropriée les rapports homme(s)-femme(s) dans la classe bourgeoise du siècle dernier, entre érotisme, devoir conjugal et amour romantique. Durant tout le film, on sent une certaine influence du cinéma Français de l'époque, aussi bien dans les thèmes que dans l'ambiance et les personnages.
Cela-dit, le personnage du théologien, tourmenté par la tentation et désireux de devenir un "pêcheur comme toutes les créatures du seigneur", la psychologie des divers protagonistes où les femmes (sublîmes, pour la plupart) ont le beau rôle, manipulant une virilité sotte à son insu, et enfin les dialogues (intelligents et finement écrits) marquent la griffe du maître.
"Je peux tolérer l'infidélité de ma femme, mais si quiconque touche à ma maîtresse, je deviens un tigre !"
Sourires d'une nuit d'été met donc en scène un entrelacs amoureux constituant l'intrigue typique des œuvres romantiques d'antan. Il est intéressant de voir le tiraillement, classique, entre amour et désirs sexuels, chaque personnage masculin étant entouré de femmes (épouse, amante, domestiques..) qui accomplissent et se partagent les devoirs conjugaux indistinctement.
On est alors clairement dans une vision d'avant-guerre plutôt machiste du couple, où l'homme a le droit de butiner comme et où bon lui semble pour trouver satiété, et où la femme est contrainte de garder son rôle d'épouse, d'amante ou de bonne frivole sous peine de jeter le déshonneur sur le foyer ou la famille, et de provoquer éventuellement duels ou rejet familial.
En parlant de duels, eux-aussi sont de la partie, ils viennent représenter l'ego et le besoin de domination masculin plutôt grotesque et puéril en le personnage du Comte et apportent une certaine dimension comique à l'œuvre. Le comique, tient essentiellement des situations et du caractère grotesque des personnages, c'est un humour assez fin et cynique où un certain réalisme veut que les hommes désirent toujours celles qui ne se livre pas complètement à eux et où les femmes, de leur côté, désirent toutes l'amour de celui qui leur est le plus inaccessible.
La conclusion marque la victoire du féminisme sur le machisme, la fin d'une époque : Les hommes sont joués par les femmes et contraints à des relations strictement (plus ou moins) monogames.
C'est l'amour ( ou en tout cas la vision féminine de l'amour) triomphant, réchauffant et apaisant les âmes comme les sourires d'une nuit d'été.
"Qui invitions-nous ? Si ce sont des acteurs, ils devront manger à l'étable"
Gunnar Björnstrand, un des acteurs favoris de Bergman, signe ici une excellente performance dans son rôle d'avocat malicieux, tourmentant son fils, puis tentant de garder sa dignité face à un Jarl Kulle convaincant dans son rôle de militaire à la virilité maladive, sûr de lui et provocateur comme un enfant roi.
Créée
le 3 juin 2011
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