Ménage de seine

Bon. Quand j'ai entendu le speech de ce film, mon cerveau n'a fait qu'un tour. Je n'ai pensé qu'à une chose (la première minute de la vidéo) :

https://www.youtube.com/watch?v=IyEe9uC4LYc

Oui, ils l'ont fait. A l'instar de Ring of Power qui a recyclé la vanne de la traversée de l'océan à la nage de Sacré Robin des Bois, version premier degré, ici ils ont donné vie à la vanne d'intro de Notseriou's...

Et je pourrais déjà m'arrêter là, mais par acquis de conscience je vais développer un peu.

Ce film m'a pas mal déçu je dois dire. Je l'ai lancé en espérant me faire un Nanar intergalactique et au final, au delà de son concept fendar mais vite éculé, il ne m'a pas provoqué tant de barre de rire que ça.

Alors bon, soyons honnête ; il a quelques qualités :

Déjà, un jeu d'acteur en carton pâte, ambiance Plus belle la vie (au passage, je proclame que Bérénice Bejo est définitivement une mauvaise actrice. Autant dans un pastiche comme OSS ou dans un muet comme The Artist, ça peut faire illusion, autant dans des rôles plus "classiques", c'est à chaque fois à côté de la plaque, je suis désolé, mais bref).

Ensuite un scénar débile au possible qui enchaine les moments WTF et les décisions et/ou comportement absurdes. Je ne vais pas m'amuser à tout lister ici, mais j'ai beaucoup aprécié par exemple le fait que la jeune militante écolo soit dans sa première scène une fan-girl absolue de l'héroine, avant de lui cracher à la gueule 5 min plus tard en mode "t'es qu'une grosse merde".

On sera par ailleurs surpris d'apprendre que les requins sont tellement déconstruits qu'ils n'ont plus besoin de mâles pour se reproduire!

Il est également cocasse de constater à quelle point la police parisienne est bienveillante et chaleureuse ("Bien le bonjour, messieurs les SDF! Vous nous en voyez infiniment navrés, mais des impératifs extérieurs à notre volonté nous contraignent à devoir vous supplier humblement de bien vouloir daigner quitter les bords de Seine le temps des Jeux, si cela ne vous dérange pas outre-mesure... En dédommagement de la gène occasionnée, veuillez accepter ces couvertures chaudes, ces marshmallow et ces quelques ouvrages sur la physique élémentaire des particules subatomiques..." Il est loin le temps des LBD et des grands coups de matraques dans la gueule!)

Notons également une excellente Anne-Valérie Hidalcresse dans le rôle de la maire hors-sol et méprisante. C'était bluffant de réalisme (pour le coup).

Il y avait quelques plans amusants, comme quand le requin mange le Poulpe (wink wink) ou quand il défonce le bateau de la brigade fluiviale.

Mais à par ça, j'ai trouvé le film plutôt pauvre niveau "grand guignolesque"...

L'imagerie et la réal' étaient au final plutôt correctes, voir inspirées par moments (pour un film de sharksploitation s'entend).

Il ont même eu quelques idées sympa, qui n'avaient rien à faire là et auraient méritées d'être plutôt utilisées dans un bon film ; la mise en parallèle des 2 persos principaux et de leurs traumatismes, qui, sans être révolutionnaire, était plutôt passable. Leur relation tout en sobriété. Le chien qui ne se fait pas gober alors qu'il devait se faire gober. Le fait que les requins aient un comportement plutôt imprévisibles ; ils n'attaquent pas de manière systématique et frénétique comme dans la plupart des films de ce genre ; là, ils peuvent un coup te faire des papouilles et le coup d'après te croquer... Sans compter une bad-ending relativement couillue.

Bref, on a beaucoup parlé du cinéma catastrophe américain post 11 septembre qui servirait d'éxutoire cathartique. Ici, j'ai un peu le sentiment que le film a voulu faire un peu la même avec les traumatismes récents de la ville de Paris. En un mot comme en cent, ça s'est trop pris au sérieux à mon gout.

Au final, hors bande annonce, je n'ai eu qu'un seul vrai fou rire ; quand, après l'explosion dans les catacombes, la nana sur le canot fait un genre de cercle complètement inutile, mais avec un sérieux et une gravité absolument ridicule. Et c'est tout... Ça fait pas beaucoup...

Du coup, on a un film pas assez mauvais pour être un bon nanar, mais loin d'être assez bon pour être un bon film. Un échec à tous les niveaux quoi...