Un couple (Bill Travers et Virginia McKenna) récupère en héritage un vieux cinéma de quartier, « Le Bijou », dont ils ne savent que faire. Leur concurrent (Francis De Wolff) proposant de racheter la salle, ils sont prêts à tout pour la lui vendre, mais à un bon prix. Afin de faire remonter l’offre, ils vont tenter de donner une deuxième vie à ce vieux « Bijou »…
Sur le modèle des studios Ealing dont il récupère un scénariste (William Rose), Basil Dearden nous propose ici une comédie que l’on pourra juger remarquable par son absence d’ambition. Car c’est justement dans cette absence ambition que se niche le charme inimitable du film de Dearden, malgré quelques baisses passagères d’humour.
S’appuyant sur un casting peu connu, à l’exception des excellents Margaret Rutherford et Peter Sellers, déjà délicieux à 32 ans en vieillard alcoolique et bafouillant, Sous le plus grand chapiteau du monde (titre qui a plus de sens en anglais, malgré la reprise de l'allusion au film de Cecil B. DeMille en français) réussit à toucher juste où il faut, en instaurant une situation légèrement rocambolesque mais pas trop, au sein de laquelle sont plongés des personnages envers lesquels on ressent une étonnante tendresse.
De fait, il est impossible de ne pas s’attacher aux trois employés de longue date du « Bijou » qui voient avec émotion leur ancien cinéma reprendre du service, et vont tout faire pour lui redonner sa dignité. C’est d’ailleurs lorsque le film de Dearden adopte un regard plus dramatique qu’il touche droit au cœur, profitant de son sujet pour nous proposer une véritable déclaration d’amour au cinéma à l’ancienne, faisant littéralement fondre le cœur lors d’une de ses scènes où le « Bijou » renoue avec sa fonction d’antan (diffuser des films muets accompagnés par un piano en direct) sous les doigts fossilisés de ses anciens employés, aux articulations rouillées mais au cœur toujours frais.
Et c’est bien ce message d’amour au cinéma que l’on retient de cette pépite qui ne paraîtra pas incontournable aux yeux du spectateur contemporain biberonné aux blockbusters numériques, mais sera chère au cœur du cinéphile en quête de perles rares.