Comment exister, en tant que long-métrage français, quand les sorties de la semaine s'appellent Oppenheimer et Barbie ? La mission de Sous le tapis relève de l'impossible, en espérant que quelques curieux se hasarderont dans cette tragicomédie, amère comme la vie et les secrets de famille. Commencé par un coup de théâtre, le premier film réalisé par Camille Japy maintient ensuite un tempo modéré, qui lui laisse le temps de développer ses différents personnages, avant de nous cueillir in fine, dans une émotion délicatement amenée. Le thème du deuil domine Sous le tapis, traité avec sensibilité et intrépidité, mais il n'empêche pas d'aborder celui d'une relation mère/fille complexe. C'est d'abord un film sur des femmes, avec une potentielle belle-sœur qui s'inscrit dans le paysage, et trois portraits assez fins, ce qui n'est malheureusement pas le cas de leurs homologues masculins, qui n'échappent pas à une certaine caricature, en particulier pour l'un d'entre eux, sportif du dimanche et égocentrique professionnel. La mise en scène reste un peu trop sage, et déçoit, eu égard à certaines audaces de son scénario. On n'oublie pas qu'il s'agit d'un premier essai et on apprécie d'autant plus la belle prestation de Ariane Ascaride, de Bérénice Bejo et de Marilou Aussiloux, laquelle ne devrait pas tarder à décrocher un premier rôle.