La femme, cet être mystérieux et énigmatique dont personne n'a jamais vraiment réussi à percer le secret de fabrication. Objet du désir pour beaucoup d'hommes, mélange d'intelligence et de sensualité pourvu de réflexion pour d'autres, la femme ne laisse pas indifférente, vous ne me contredirez pas mesdames. Et "Sous les jupes des filles", on ne trouve pas une mais onze femmes aux profils divers et variés. Onze parisiennes amoureuses, divorcées, nymphomanes, veuves, émotives, contrariées, introverties, hautaines, lesbiennes, autoritaires ou tendres. Mais tout ça pour un seul et unique objectif : être femme tout simplement !
Attention, ce film n'est pas un film ! Comprenez par là que "Sous les jupes des filles" ne ressemble à nulle autre oeuvre. Pensée lors d'une projection "des Infidèles", la folie d'Audrey Dana semble répondre à Jean Dujardin et Gilles Lellouche. La réalisatrice a fait sa comédie de filles, où la femme prend le pouvoir et ne se laisse pas manipuler par les hommes. Or, le genre avait déjà pris un tournant en France avec les Gazelles, récemment. D'ailleurs, le début du film part clairement dans le même sens avec un humour incisif et un sens de la formule tout particulier. Or, les chemins s'écartent au milieu du film et le côté comique s'envole un peu avec tous les espoirs placés en Audrey Dana. Tout n'est pas à jeter mais la forme étouffe la progression de l'histoire.
En effet, le film ne se regarde pas dans sa globalité mais plutôt par séquences. Comme si plusieurs mini-sketches s'emboitaient les uns dans les autres pour faire rencontrer toutes ces femmes. Et malgré le léger flou qui entoure le schéma narratif, à savoir qui connait qui, qui va rencontrer qui, et qui bosse avec qui et qui trompe qui avec qui, on parvient à suivre l'histoire sans mal puisqu'elle ne se regarde pas sous un découpage classique. Même le nombre de personnages, effrayant d'abord, en devient anecdotique.
Bien entendu, impossible de ne pas parler du casting. Ces Expendables au féminin préservaient de sérieux arguments pour séduire un large public. Géraldine Nakache tire son épingle du jeu face à une Isabelle Adjani à deux expressions faciales et une Laetita Casta, désservie par des exagérations intestinales. La jeune Alice Belaïdi aurait mérité de décrocher un rôle plus complexe que celui de simple faire-valoir tandis que Sylvie Testud, Alice Taglioni et Audrey Fleurot tiennent leur place, correctement, sans plus. Quant aux prestations de Marina Hands et Audrey Dana, elles sont tout de même remarquables.
Audrey Dana, d'ailleurs, est bien meilleure actrice que scénariste. OK, les dialogues sont fort bien troussés mais il n'en reste que le film tire en longueur et perd en vitalité. Alors certes, elle ose tout et va jusqu'au bout des choses, mais elle n'a pas su garder l'essentiel. Dommage. A noter que quelques scènes sont "inutilement efficaces" comme je me plais à l'énoncer. C'est à dire que sans elles, le film n'aurait pas perdu en narration mais qui permettent de lui donner une certaine personnalité. Pour l'exemple, la séquence finale sur le Trocadéro, sous l'ombre bienveillante de la Tour Eiffel.
En guise de conclusion, je vous suggère une petite recette : vous prenez Pulp Fiction, vous remplacez les acteurs par des femmes, vous changez le genre du film en comédie romantique trash, vous gardez l'idée d'une histoire déstructurée mais qui conserve sa temporalité, vous enlevez une heure, ce qui fait un film encore trop long, vous perdez en énergie et vous rajoutez des clichés et cela vous donne une Fiction Pulpeuse. Mais sinon, à part ça, j'ai bien aimé quand même.