Sous-Sols est un sorte de délicieux mélange entre strip-tease et un film de Roy Anderson.
Strip-Tease, d'abord, pour le coté, neutre et voyeur de la mise en scène s'attardant sur les histoires sans histoire d'une poignée de doux-dingues. Des gens qui si ils n'avaient pas été autrichiens auraient pu être grolandais. Des vieux, des gros, des laids, qui cachent leurs vices et leurs secrets au fin fond de leur cave. En acceptant de nous ouvrir leur caves, ces grolandais acceptent de nous livrer ce qu'ils sont au plus profond de leur être, d'où le coté voyeuriste que peut avoir le film. Une impression renforcé par ces longs plans fixes qui nous donnent l'impression d'observer des animaux à travers une glace sans teint.
On découvre ainsi, un tromboniste nazi, un chanteur d'opéra qui dégaine plus vite que son ombre, une mère en manque de bébé et quelques couples SM. Mais comme pour la célèbre émission belge, malgré le coté creepy et malsain de certaines scènes, à aucun moment l'auteur du documentaire ne juge les actions des protagonistes. A vous de voir si vous trouvez ça drôle, choquant ou émouvant.
Roy Anderson, parce que parmi tous les documentaires que j'ai vu de ma vie, Sous-Sols obtient incontestablement la palme de la meilleur mise en scène. Quand on pense "documentaire", on pense caméra à l'épaule, son approximatif et lumière naturelle. Rien de tout ça dans Sous-Sols. Les plans sont longs, fixes, cadrés au millimètres de façon à obtenir une symétrie presque parfaite dans le cadre. Et le coté surréaliste des décors, pourtant réel, renforce ce coté Roy Anderson. Chaque plan pourrait être une photo de Raymond Depardon.
On pourrait reprocher au film de s'attarder sur seulement deux types de personnages. Grosso-modo des fachos et des Sado-Maso. J'aurai aimé voir un peu moins de SM, pour en apprendre un peu plus sur les quelques personnages dont on ne sait rien (la bande de jeune qui fument nonchalamment leur cigarette, le mec avec boa de 3 mètres et surtout le couple de vieux qui semblent avoir créé un bistrot dans leur cave. Peut-être pour une autre fois.