Sous surveillance par cloneweb
Les Weatherman tirent leur nom d’une chanson de l’immense Bob Dylan, Subterranean Homesick Blues. C’est un groupe d’activistes au comportement parfois terroriste, proche de la gauche radicale américaine, responsables d’une vingtaine d’attentats visant à attirer sur eux l’attention du public et des médias pour dénoncer notamment les liens entre politiques et complexes militaro-industriels en pleine Guerre du Vietnam.
Pourquoi en parler ? Parce que le film de Robert Redford commence sur l’arrestation en 2012 d’une membre du mouvement aujourd’hui dissout. Evidemment, c’est un résumé un peu léger mais ça permet d’évoquer ce qui nous intéresse aujourd’hui. Beaucoup de gens ont un passé qu’ils cherchent à dissimuler avec l’âge. Qui ne connait pas quelqu’un qui a eu dans sa jeunesse des périodes de militantisme et cherche désormais à le cacher pour vivre comme tout le monde ?
Sous Surveillance évoque un petit groupe de Weatherman qui militait dans les années 70. Ils ont commis un braquage et un officier a été tué. 40 ans plus tard, ils n’ont pas ou plus de contact. Chacun a refait sa vie, fondé une famille, eu des enfants. Mais les choses vont se mettre à bouger quand Sharon Solarz (Susan Sarandon, toujours aussi parfaite) se laisse prendre. Elle était sous surveillance et il ne lui suffira que d’un paiement par carte bancaire pour se faire débusquer. Jim Grant, désormais avocat, y voit une opportunité. Il sait que, Sharon emprisonnée, les regards vont se tourner vers lui. Il va donc reprendre contact avec ses anciens frères d’armes pour une seule chose : prouver son innocence et ainsi protéger sa fille, bien trop jeune pour pouvoir se passer d’un père.
Face à lui, un groupe de fédéraux forcément à la traine et un jeune journaliste qui va avoir le nez creux et qui va se plonger dans leur histoire tout en soupçonnant le fait que Grand pourrait ne pas être celui qu’il dit être.
Le spectateur, lui, ne se doute pas une seconde de l’identité de Grant mais va découvrir son passé au même rythme que le journaliste. En fait, l’histoire est chapitrée -sans doute comme le roman d’origine- et chaque fin de chapitre est une révélation sur le passé. Et à peu près au même moment, les deux personnages principaux et le spectateur découvrent le cliffhanger de fin de partie. L’intérêt de cette construction est de nous donner l’impression de participer à l’enquête et ce, quel que soit le point de vue qu’on décide de choisir et il faut bien avouer qu’on se laisse prendre au jeu, comme si on avançait dans les pages d’un bon roman. Comme quoi, même sans avoir lu l’œuvre d’origine, on peut penser que Robert Redford a fait un bon boulot de narration.
Malheureusement, ce qui aurait pu être un thriller high tech de haut vol n’est qu’un film à la réalisation bien trop monotone. Certes, les cadres sont soignés, les décors très beaux et l’éclairage parfait. Certes, Redford réunit autour de lui un joli casting de très bons acteurs. Julie Christine, Susan Sarandon, Nick Nolte, Chris Cooper, Richard Jenkins, Brendan Gleeson et Sam Elliott viennent faire coucou devant la caméra. Mais on n’ose pas additionner leurs âges respectifs et tout ça sent pas mal la naphtaline. Autant le dire d’ailleurs franchement : Sous Surveillance est un thriller de vieux, à l’image de ses rassemblements de vieilles stars que ceux Red ou Expendables. Heureusement, l’ensemble est plus sérieux et beaucoup plus soigné mais on regrette que Redford n’ait pas cherché à dynamiser les choses.
L’évocation des années 70 et Shia LaBeouf en jeune journaliste jusqu’auboutiste fait évidemment penser aux Hommes du Président. Mais nous ne sommes plus dans les années 70 et c’est un peu dommage d’y être resté.