Sous toi, la ville est un film tout le long marqué par la verticalité. Celle des tours d'affaires en verre qui s'érigent dans le cadre, celle du mouvement des ascenseurs, celle du regard portés par les personnages tantôt vers le haut, tantôt vers le bas, et celle de la rigueur comportementale des hommes d'affaires qui évoluent dans ce milieu, le monde de la finance. Le cinéaste nous expose ce monde comme aseptisé, complètement déconnecté du monde réel, d'appartements où rien ne dépasse, les meubles sous cellophanes, à l'architecture interne et externe des grattes ciel, tout est vide de vie, froid, clinique. Tout est identique, sans personnalité, que l'on soit à Francfort, Londres ou Jakarta. Christoph Hochhäusler impose sa vision noire de ce monde là, le conteste violemment et s'adresse directement à lui, voir le titre. Regarde sous tes pieds.
Roland, un puissant banquier, va tenter ce raccord avec le monde « réel », à ses pieds, par la relation d'adultère qu'il va entretenir avec la femme d'un de ses employés. Il tentait déjà ce lien par l'intermédiaire de photos, ou de visites de squat pour observer les junkies.
Cette femme, c'est le seul personnage du film qui donne encore l'impression d'être ancré dans le monde réel. En tout cas c'est ce que veut montrer Hochhäusler : elle va à l'épicerie, fait du footing, marche dans les rues.
Mais ce raccord ne se fera jamais réellement. Lorsqu'il l'observe, lui parle il y a toujours entre eux une barrière. Qu'elle passe par la parole, la pensée ou de manière plus physique : une vitre de voiture, une baie vitrée, des murs. Pas de contact. Il veut faire l'amour mais on ne voit que du sexe, et souvent brutal. La relation ne sera jamais harmonieuse. C'est un constat politique pessimiste et contestataire du puissant incapable de saisir le monde d'en bas.
J'aime beaucoup de choses dans ce film mais pas mal d'autres me dérangent aussi. C'est, dans ses intentions, son message politique, sa représentation, son symbolisme, par moments trop prononcé. Ca manque un peu de vie, car les personnages sont avant tout là pour souligner un message, une idée. Un peu trop conceptuel.
Mais il y a, d'un autre coté, un vrai travail d'architecte et d'urbaniste du plan qui me plaît : mais peut être davantage dans le regard du paysage que des relations humaines.
Dans l'ensemble j'aime.
Teklow13
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le 13 juin 2012

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