Fruit de l'imaginaire foutraque du génial Richard Kelly, Southland Tales est un OVNI.
Présenté avec perte et fracas au festival de Cannes 2006, le film sera remonté dans l'urgence à la demande du studio (Sony), suite à un accueil désastreux de la presse et du public, ce qui n'empêchera pas son naufrage (sortie confidentielle, 374.743$ de recettes pour un budget de 17M$...).
Pourtant, Southland Tales est probablement le meilleur film de Richard Kelly.
Oeuvre multisupport, il est nécessaire (tout du moins, fortement conseillé) d'avoir lu les comics qui illustrent les actes I, II et III (le film illustrant les actes IV, V, et VI) pour saisir toutes les subtilités du scénario, dans lequel s'entremêlent critique de l'amérique post 9/11 (et les dérives totalitaires qui vont avec, notamment le Patriot Act via USIdent), Hollywood (le personnage de Boxer Santaros et ses liens avec le sénateur Frost, ses ramifications "perverses" via les personnages de Krysta Now et surtout Fortunio), la contre-culture californienne (les "néo-marxistes", mais aussi les personnages de Dream et Dion Element), ainsi que la menace écologique (la machine infernale des Von Westphalen) et l'atrocité de la guerre (les personnages de Roland/Ronald Taverner et Pilot Abilene, revenus vidés du front contre "l'axe du mal").
Le casting est lui aussi des plus étranges. Dwayne "The Rock" Johnson y tient le rôle principal, aux cotés de Sarah Michelle "Buffy" Gellar et Seann William "Stiffler" Scott. Ils rejoignent un étonnant Justin Timberlake en soldat/prophète soignant son ESPT à grand coup de Karma Fluid, substance résultante des recherches du machiavélique Baron Von Westphalen (Wallace Shawn) et de sa compagnie, Treer. Ainsi que des pointures comme Amy Poehler, Kevin Smith et les habituels Holmes Osborne et Beth Grant, sans oublier Christophe Lambert...
La plupart des acteurs n'ayant pas compris le scenario (cela parait assez clair en visionnant le film, Justin Timberlake l'ayant lui même admis, et la mine ahurie de The Rock tout le long du film en est elle même un aveu), la direction d'acteur n'est au final paradoxalement pas si importante dans le rendu final, Richard Kelly mettant en scène des personnages complétement paumés à l'orée de la fin du monde (ce qui expliquerait peut être ce casting pour le moins hétéroclite).
Bien aidé par une bande son planante (la fuite de Boxer et Roland après le meurtre commis par l'officier Bart Bookman (John Lovitz) sur la version UK surf de "Wave Of Mutilation" des Pixies, la séquence de Pilot Abilène en plein trip, reprenant "All These Things That I've Done" des Killers, ou la scène de danse entre l'épouse et la maitresse dans les derniers instants notamment), et une photographie oppressante et très sombre, a l'instar de celle de The Box ou Donnie Darko, Richard Kelly arrive à installer un onirisme malsain tout le long du film.
En revanche, plusieurs visionnages sont nécessaires pour saisir la multitude de détails de l'oeuvre.

MoFF
9
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le 3 sept. 2018

Critique lue 201 fois

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