This is The Rock's show ! This is Southland !

https://www.youtube.com/watch?v=P_OK_H8F2g0

C'est un rêve qui commence et, comme dans tous les rêves, rien n'est jamais intelligible. Au sortir de ce rêve, comme dans tous les rêves, on voudrait pouvoir se remémorer chaque morceau, chaque parcelle, mais un rêve est un exutoire inavoué qu'il est impossible de maîtriser. Pour le commun des mortels, ce rêve est un profond sommeil paralysant nos sens et nos éveils, et dans le meilleur des cas, on ne voudrait pas s'en extirper par peur de laisser cette chimère s'échapper de notre mémoire. Pour d'autres, la chimère s'est transformée en un cauchemar.

De toute évidence, et je le dis en toute franchise avec amour-propre, Southland Tales sollicite une certaine et profonde culture catholique. Indispensable ? Pas véritablement, mais il serait indécent de négliger que l'oeuvre de Kelly est en quelque sorte un remake du nouveau testament, avec tout ce que cela implique.

Ce qui pourrait paraître encore plus prétentieux, et pourtant ce n'est en aucun cas offensif, ce serait de résumer l'histoire. Oui, vous avez bien lu : résumer l'histoire de Southland Tales. Ce qu'il y a d'embêtant avec de plus en plus de spectateurs, et là je ne parle pas du grand public ou des cinéphiles, ça n'a pas d'importance, non je parle d'humains normaux. Ce qu'il y a d'embêtant donc, c'est qu'il est vital visiblement de tout expliquer, de tout schématiser. Ou du moins, on qualifierait ça de "dangereux" ou de "branlette" si un réalisateur empruntait une voie sibylline et ornée de barbelées, plutôt que d'entreprendre un chemin limpide sous la houlette du "bon cinéma".

Étrange et désarticulé, c'est en ces deux mots que pourrait tenir Southland Tales. Vicieux et ridicule, Southland Tales l'est également. Quelle idée de réunir dans un même souk : un ancien catcheur furieux de naissance, une ancienne chasseuse de vampires attitrée, une star de la pop (vous savez, le gars qui a chanté Cry Me A River?), un ancien débile d'une saga tout aussi débile, j'ai nommé American Pie, et le plus sciant de tous : Christophe Lambert, le plus grand paria du cinéma.

Si j'avais vu ce film dans une salle noire, je crois que j'aurais été le seul à applaudir. Moi et mes deux mains. Le spectre de la solitude, pour ainsi dire. Mais c'est aussi ça un rêve, c'est aussi ça Southland Tales, et c'est parfait comme ça.

PS: Dommage que The Rock, dans sa dernière apparition, n'ait pas crié "If you smell... WHAT THE ROCK IS COOKING !!". J'espère que c'est dans le Director's Cut.
Eren

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