Moins impressionnant que Donnie Darko mais tout aussi empreint des mêmes sujets (l'apocalypse, les failles spatio-temporelles...), Southland Tales est un film mitigé, plein de bons sentiments mais charcuté par ses producteurs. Richard Kelly ayant fait ce qu'il a pu pour dévoiler son film tel qu'il le voyait. Tourné en 2005, diffusé au Festival de Cannes l'année suivante, boudé, hué, remanié, raccourci, le long-métrage en a vu des vertes et des pas mûres. Il n'est donc pas étonnant de voir en Southland Tales un gros blougi-boulga proche de l'univers de Philip K. Dick. Un film à voir plusieurs fois pour bien tout saisir tant la trame est difficile à suivre.


En revanche, la réalisation toujours aussi léchée et soignée de Kelly, la musique discrète mais fantastique et l'interprétation remarquable ponctuent le (très) long-métrage d'un souffle hors du commun. Véritable alchimiste du cinéma, le metteur en scène prend des acteurs improbables, les dirige à la perfection et redore leur blason, en témoigne le jeu d'acteur auto-dérisoire et tout simplement juste de Dwayne Johnson, Sarah Michelle Gellar (parfaite), Justin Timberlake, qui n'hésite d'ailleurs pas à pousser une fois de plus la chansonnette dans un passage musical aussi inattendu que terriblement jouissif, la splendide Bai Ling ou encore Seann William Scott, qui retrouve The Rock après Bienvenue dans la jungle.


Loin de ses frasques habituelles, l'acteur comique interprète ici deux personnages complexes, deux jumeaux extrêmement liés, transcendant l'image à chaque apparition. La révélation du film. Peu d'action, beaucoup d'effets spéciaux, un univers bizarre à la croisée du futuriste et du présent, sorte de steampunk moderne aux personnages nombreux, atypiques mais importants qui peuplent un scénario riche, complexe, aussi vaste que démesuré. Beaucoup de sous-intrigues étroitement liées, des protagonistes par dizaines (dont certains ont un rôle plus important qu'il n'y parait, notamment Christophe Lambert), des séquences à la limite de l'onirisme... Ce melting-pot coloré totalement sidérant s'avère effectivement difficile à bien cerner à première vue. On adhère ou on rejette, c'est inévitable, mais dans tous les cas, Southland Tales est une œuvre à laquelle on ne peut rester indifférent et qu'il faut par conséquent voir à tout prix.

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7

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le 8 avr. 2019

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