Père Kelly, raconte nous une histoire !
Southland Tales, n’est pas « un conte », il raconte une histoire, peut être…
Mais cette histoire n’a pas lieu d’être. Ici, Les Southlands, les régions du sud, sont plus que jamais, la projection d’un cerveau, malade ou déboussolé ? Oui, assurément, mais incroyablement intelligent.
Ici on marche en terres inconnues, on nous raconte une histoire, Richard Kelly nous raconte une histoire, un conte se déroulant dans son cerveau, il nous l’expose tel un malade à son psychiatre, il nous est donc impossible d’en dire du mal, cependant, il est admissible que cette histoire est folle, objectivement, oui.
Richard Kelly se lâche, comme beaucoup d’autres avant lui, il fait le film qui lui correspond, le film qui décrit à lui seul sa carrière de réalisateur (certes elle est courte pour l’instant, mais cela va changer, je l’espère).
Dans un monde où le mot prétentieux revient dès qu’une œuvre distance en complexité la plupart des productions sorties précédemment, Kelly peine à gagner le cœur des gens.
Car tel Dwayne Johnson, servant de martyr à tout un peuple en manque de folie et d’espoir, Richard Kelly lui, sert de bouc émissaire pour tous les tacherons seulement capable de dire qu’il est incapable de créer une histoire qui tient la route et qu’il est seulement bon à créer un joyeux bordel foutraque qu’il balancera aux producteurs leur laissant le choix du casting.
À moins que le film n’ait pas plu à cause de son second plan pseudo-religieux, je ne sais pas…
Sauf qu’encore une fois, on reproche au film tout et n’importe quoi ! Kelly, en plus d’être un des seuls à tenter de briser le manichéisme du cinéma américain, est de loin, le seul à qui on ne peut reprocher de créer un bordel prétentieux et sans aucun sens. En plus d’avoir un répertoire d’idées fabuleuses à son actif, répertoire comprenant quand même Justin Timberlake, dansant et chantant sur la musique de la pub Bouygues télécom (et le tout en lui faisant porter un T-shirt comportant une forme rappelant étrangement le gros lapin bleu que Kelly avais mis en scène quelques années plus tôt), Kelly est capable de les coordonner, de les assembler, et de les mystifier pour leur donner un intérêt plus que présent.
(Cette critique est encore plus compliqué à écrire que ça l’est de comprendre le film)
Et moi j’emmerde ceux qui emmerdent le renouvèlement et l’originalité se trouvant sous leur nez.
Southland Tales n’a pas à rougir.
Richard Kelly n’a pas à rougir d’avoir choisi une distribution constitués d’idoles contemporaines, qui elles même n’ont pas à rougir.
Je n’ai pas à rougir d’avoir été emporté par ce film.
Par contre j’ai le devoir d’adresser tous mes regrets à ceux qui n’ont pas su l’apprécier, à ceux qui n’ont pas aimé la musique rock tellement bien choisie, à ceux qui n’ont pas chercher à s’accrocher, à ceux qui n’ont fait que chercher, pendant 2h30, des défauts, défauts qui à leurs yeux, paraîtront plus importants que les nombreuses qualités flagrantes, et enfin à ceux qui se plaignent, qui accable le cinéma récent sans risques et naïf, mais qui, dès qu’un film se démarque par son ingéniosité, ne savent pas l’apprécier.
Southland Tales peut être fier, fier d’avoir eu les couilles pour pousser son spectateurs à lâcher prise physiquement mais à s’accrocher psychologiquement, d’avoir eu les couilles d’innover, d’avoir eu les couilles d’être couillu.