Sans vraiment rien savoir de ce film, je me suis dit qu'un jour je me laisserai tenter. Le visuel sur le DVD est plutôt joli, le réalisateur n'est pas un bleu, le synopsis avait l'air bien barré et j'aime bien les castings très éclectique. Un ami me l'avait même chaudement recommandé !
Hier soir, on décide de se faire une petite soirée film avec mon copain. On commence par Singularity de Roland Joffé (2015) qui nous laisse vachement sur notre faim ! Un peu déçu, on mange, et on enchaîne, après un petite cigarette de drogue douce, avec un film "pas trop prise de tête mais un peu mindfuck quand même" !
Pour la partie mindfuck, c'est réussi. Le générique, formidable immersion dans l'univers apocalyptique de la côte californienne, est une expérience à lui seul, avec tellement d'images, de cadrage et de mise en abîmes ! Mais au bout de 20-30 minutes du film, je n'arrive toujours pas à savoir qui sont les personnages, qu'elle est la véritable intrigue, si il s'agit du passé ou du présent. Et la version originale sans sous-titres n'aide pas spécialement à la compréhension.
Que cela ne tienne, mon cerveau commence à développer une technique de visionnage toute particulière (la drogue aidant). Tellement particulière qu'elle n'est propre qu'à ce film si spécial...
Je commence ainsi à regarder chaque séquence du film comme si elles étaient autonomes, comme si il s'agissait de petits sketchs réunis autour des même personnages, des même lieux. Je laisse totalement tomber l'intrigue principale du film pour des mini-chapitres tous aussi tordus les uns que les autres : un passage musical de The Killers avec Justin Timberlake, une discussion philosophique entre The Rock et Seann William Scott, une télé-réalité absurde avec Sarah Michelle Gellar, des moments d'anticipation avec Miranda Richardson et l'US-IDent, des scènes d'action qui n'ont rien à envier à Michael Mann, une comédie qui tourne au drame, des instants de fantastique troublants ou bien totalement burlesques. Le tout entrecoupé par des plans de transitions tout à la fois onirique (les volutes de fumées sur fond noir) ou inquiétant (images d'archives de guerre en Irak).
Southland Tales est un film entièrement mosaïque, une unité totalement divisée en une multitude de morceaux de bravoures, des passages qui un nouveau souffle au possibilité du cinématographe, comme ce passage dans l'Ouverture du film, juste avant l'apparition du titre, avec ce zoom arrière vertigineux. Chaque personnage est haut en couleur, complètement délirant et inspiré, mention spéciale à Dwayne Johnson dont c'est certainement ici l'une de ses meilleures performances, et à Christophe Lambert dans un petit rôle en toute démesure !
La musique, composée par Moby, apporte une grande partie du charme flottant et trippant au film de Richard Kelly.
Un film "OVNI", entre l'absurde et le chef-d'oeuvre, le nanard à budget et l'un des meilleurs films d'anticipation de ces 15 dernières années !