Omoide no Marnie (ou Souvenirs de Marnie) est le dernier film en date du studio Ghibli à sortir en France, et pourrait être le dernier à sortir tout court. Le grand maître Hayao Miyazaki ayant annoncé sa retraite l'année dernière, le studio comptait sur les résultats financiers d'Omoide no Marnie pour prendre la décision de continuer, ou non, le cinéma. Malheureusement le film s'est complètement planté au Japon et le résultat en France ne risque guère d'être meilleur. Nous allons donc considérer ce film comme étant le dernier film du studio Ghibli. Qui dit dernier, dit conclusion. J'attendais donc le film comme étant celui qui clôturera les presque 30 ans d'existence du studio d'animation le plus réputé du Japon. Avec des derniers films d'une qualité exceptionnelle comme le Vent se lève, testament d'Hayao Miyazaki et Le conte de la princesse Kaguya, dernière réalisation du génie Isao Takahata, la barre était placée très haute. Hiromasa Yonebayashi a-t-il réussi a égaler ses maîtres et à offrir un bon testament au Studio Ghibli ? Eh bien, nous allons en juger ensemble.
Avant d'être réalisateur, Yonebayashi était animateur, notamment sur Le voyage de Chihiro, et ça se voit. Le film est visuellement très léché et arbore une esthétique pastel de toute beauté. Comme pour Arrietty (son dernier film), on se demande de prime abord si ce n'est pas Miyazaki qui s'est chargé du film. Les animations sont, sans surprise, d'excellente qualité et c'est là que je trouve que le film se démarque des autres Miyazaki. Les cheveux de Marnie, non mais vous avez vu cette qualité ? Chaque mèche qui bouge, chaque masse qui bouge avec le vent ou qui s'étale sur le sol. Chacun de ces mouvements, on les ressent, et ça, on ne peut pas l'enlever au film. Le film nous prouve en tout cas que le studio n'a pas perdu de sa superbe pour ce qui est de nous montrer des visuels de qualité, quasiment sans faille (Je vous conseille d'ailleurs l'exposition "Dessins du studio Ghibli" à l'exposition Art Ludique à Paris, qui retrace en près de 1500 dessins l'histoire du studio).
Anna, le personnage principal, est un peu dérangé mentalement. Elle a un fort complexe sur le fait qu'elle ait été adoptée, et aime être seule, jusqu'à ce qu'elle rencontre Marnie. Le premier tiers du film se concentre donc sur la rencontre avec Marnie, dont l'amitié sera développée plus tard. Ce premier tiers est très bon, très Ghibli dans l'âme. On dirait le début du voyage de Chihiro. Un nouveau départ, une nouvelle ville, puis soudain un mystère, caché dans une ville banale. On se sent chez soi, la musique est présente mais pas trop, nous intrigue, mais peut-être aurait-on aimer ne pas découvrir la suite...
La deuxième partie, c'est différent. L'amitié entre Marnie et Anna se développe, et on en découvre peu à peu sur Marnie et Anna. Elles se font des câlins se disent des mots doux, sont les meilleures amies du monde. Le problème, c'est que cette deuxième partie est longue, très longue, et qu'il ne s'y passe pas grand chose, excepté le schéma ci-dessus qui se répète infiniment. Le tout est blindé de discours un peu pompeux qui nous montrent bien qu'Omoide no Marnie ne s'adresse malheureusement pas à tous les publics. Contrairement aux autres Ghibli qui possèdent souvent une double lecture, Omoide no Marnie nous prend un peu (sans être méchant), pour des débiles. On devine aisément la trame du film et on s'ennuie beaucoup. La conclusion paraîtra évidente pour certains, et apparaîtra pour d'autres comme un mindfuck total.
Un bilan mi-figue, mi-raisin pour ce dernier Ghibli qui est d'un côté techniquement irréprochable, mais qui possède de grosses faiblesses au niveau de sa structure, de son scénario et surtout de son discours, que l'on aurait aimé plus ambitieux. Et je pense qu'on tient là le plus gros point faible d'Omoide no Marnie : l'ambition. Se contentant d'essayer de faire comme les autres, il manque malheureusement sa cible : les fans, qui viennent de ressortir de chefs d’œuvre comme Le vent se lève et Le conte de la princesse Kaguya. Attention toutefois, le film est loin d'être mauvais. Il reste simplement une déception comparativement. Dommage.