I should watch that for a dollar
Grand mythe des années 80, Robocop fait enfin son grand retour après 21 ans d’absence au cinéma.
En sortant le 1er opus en 1988, Paul Verhoeven a accouché d'un chef-d'oeuvre de science-fiction viscéral et violent, et nous livre une poignante critique de la société américaine sur fond de dystopie.
Le film est un succès, Paul Verhoeven se casse, et les deux suites sont à chier.
Voilà.
Passons maintenant au remake.
Décrié dès son annonce par les fans, le remake de Padilha a accouché dans la douleur. Mais le résultat est, clairement, bien au-delà de tout ce que pouvaient espérer les-dits détracteurs.
Plutôt coutumier des films traitant de la guerre, Jose Padilha est un adorateur du 1er opus et adapte l'oeuvre originale au contexte actuel et opère pas mal de changements:
Ici, point de dystopie. On arrive en pleine démocratie. OCP (renommé Omnicorp) est une société qui fabrique des robots à des fins militaires. La quasi-totalité du monde en profite, sauf les Etats-Unis, à cause de la "loi Dreyfus" qui interdit les robots à cause de leur manque de conscience.
Le film s'ouvre donc sur un journal télévisé (comme d'hab') et une scène violente au moyen-orient, censée montrée aux américains l'efficacité des robots d'OCP.
En parallèle, le bon flic Alex Murphy titille une sorte de baron local et se fait piéger. Brûlé au 4e degré sur 80% du corps, OCP décide de le récupérer et d'en faire un hybride pour son armée. Etant mi-humain, mi-machine, il possède ainsi des aptitudes sur-développées tout en possédant une conscience. Un choix parfait pour contourner la loi Dreyfus.
Malheureusement, les performances de Robocop étant bien inférieures à celles des autres robots d'OCP, la société décide de le déshumaniser au fur et à mesure, dans le plus grand secret.
Ce nouvel univers permet à Jose Padilha d'aborder des pistes peu exploités dans le premier volet comme la famille de Murphy, qui subira de plein fouet la déshumanisation progressive de Robocop.
La cohabitation entre l'humain et la machine à l'intérieur d'un même corps est de ce fait traitée (et avec justesse).
La question de la manipulation des médias est encore de rigueur et est très bien amenée, notamment grâce aux shows de propagande de Novak (Samuel L. Jackson) dont le dernier est d'une force incroyable.
La société de consommation est donc encore au coeur du débat et on se demande vraiment jusqu'où le PDG d'OCP est prêt à aller pour vendre son Robocop.
Niveau action, cependant: c'est plutôt pauvre. Il y en a peu mais sont bien rythmées. Le film lorgne clairement plus vers le thriller politique que le film bourrin comme l'étaient les 2 premiers.
La violence du premier film a d'ailleurs presque disparue (PG-13 oblige) mais le réal fait passer quelques trucs un peu osés ici et là.
Au niveau des acteurs :
Joel Kinnaman et son charisme de mouche vont très bien au rôle principal. Et puis... vu qu'on le voit presque pas en entier OSEF.
Abbie Cornish incarne très bien Clara Murphy, qui s'interroge quand au devenir de son mari et permet au film quelques scènes fortes.
Michael Keaton est très bon en PDG complètement dépassé par la situation qui veut absolument vendre son produit. Et puis, ça fait plaisir de le revoir.
Samuel L. Jackson est, de loin, le meilleur acteur du film et surtout celui qui a chopé les meilleures lignes de texte. Hyper convaincant en présentateur télé, on n'aurait pas pu rêver mieux que lui pour le rôle. Il entube toute l'Amérique avec le sourire et illustre très bien la manipulation des médias.
Les dialogues sont, comme la musique, très classiques.
Le film possède aussi une forte composante fan-service en faisant parfois revenir le thème original du 1er Robocop où à travers des phrases cultes, bien connues des amateurs de la série (I would buy that for a dollar).
Le design du personnage est très réussi. Quoique je le préfère en gris qu'en noir (de toute façon y a les deux dans le film).
Pour conclure, disons que Robocop est un très bon remake qui rend parfaitement hommage à son prédécesseur et le complète en proposant une vision différente et actuelle de l'oeuvre de Verhoeven. Les scènes d'actions, si elles sont peu nombreuses, sont rythmées et on sent que les 100millions de $ du films sont bien à leur place.
Robocop 2014 est donc le parfait exemple de la bonne surprise, condamnée à tort sans motif, mais qui a le mérite de faire fermer leur gueule à tous ceux qui n'auront pas cru en lui.