Extraordinaire mystère que celui de la psyché d’une enfant de douze ans. L’imperceptible passage de l’enfance à l’adolescence est un « saut de l’énigme au mystère » ! Quitter l’enfance, c’est en faire le deuil, or plus l’enfance fut douloureuse, plus il sera difficile de la quitter sans drame.
Souvenirs de Marnie est le dernier long métrage du légendaire studio Ghibli… Celui qui pourrait clôturer une série prodigieuse qui ensoleilla trois décennies et rendit, au sens propre, le monde meilleur. Dès les premières images, l’amateur reconnaitra la perfection du style graphique créé par Hayao Miyazaki, celui de ces derniers opus, Ponyo sur la falaise ou Le vent se lève. Ses équipes excellent dans les jeux de reflets matinaux sur une lagune, le frémissement d’une risée sur une prairie, la course d’un pluvier sur la grève ou, mieux encore, dans l’acmé orageux et la représentation tarkovskienne du jeu de la pluie dans les toitures délabrées du donjon-silo, la petite ondée monte en intensité pour se déverser, soudain, en cataractes sur nos deux héroïnes. Ce travail engendre un coût, en nombre de dessins à la seconde, en temps de traitement informatique, qui a mué ces divertissements enfantins en de lourds blockbusters. Si le maître Miyazaki excellait dans l’art d’accommoder féérie japonaise et références universelles, force est de constater que ces héritiers ont échoué. Le conte de la princesse Kaguya de Isao Takahata tentait de faire revivre l’âme même de la spiritualité ancestrale du Japon et Marnie est un récit résolument moderne, or, leurs deux cuisants échecs commerciaux ont mis le studio à genoux.
Après le sympathique et prometteur Arrietty, le petit monde des chapardeurs, le jeune réalisateur Yonebayashi adapte un roman de Joan G. Robinson qui conte l’amitié éperdue entre deux gamines malmenées par la vie. Anna est une enfant difficile, renfrognée et solitaire. Inquiète pour sa santé, sa mère l’envoie pour les vacances d’été en bord de mer, chez de lointains cousins. Elle se lie avec Marnie, une surprenante fillette japonaise blonde au physique de little miss américaine. Si la première moitié réussit à mettre en place une atmosphère mystérieuse, l’histoire oscille ensuite entre mélodrame, mièvrerie préadolescente et amitié fusionnelle. La résolution finale, bien qu’attendue, est bienvenue, les cœurs purs lâcheront quelques larmes.