Omoide Poroporo doit être, injustement, l'un des films les moins connus du studio Ghibli. S'il est vrai que l'on s'éloigne ici de la fantaisie de Miyazaki pour entrer dans un univers plus réaliste, plus mûr aussi, de Takahata, ce film reste tout de même une pièce maîtresse du studio japonais.
L'histoire paraît très simple : Taeko, une jeune femme citadine, part prendre ses vacances à la campagne. Mais là, des souvenirs ressurgissent : son envie de campagne qui avait commencé dès ses dix ans, son premier amour, ses premières règles, ses hontes, ses rêves et ses craintes... On assiste alors, en l'espace de deux heures, à la recherche de soi d'une femme qui se construit grâce à ses souvenirs, à sa propre remise en question, à sa tentative de comprendre qui elle est vraiment.
Les dessins sont évidemment toujours magnifiques, et l'on assiste ici à une superposition passé/présent très esthétique et qui passe très bien: les scènes de l'enfance de Taeko sont peintes en couleurs pastels et légèrement floutées sur les bords, tandis que le présent est rempli de couleurs très vives, et le contraste est superbe.
Pour ce qui est de la musique, elle est ici aussi, une fois de plus, parfaitement en accord avec les dessins, et renforce le côté nostalgique du film. La chanson du générique, Ai wa nara kimi wa sono syush, est l'une des plus réussies, à mon sens, du studio Ghibli. (Il me semble d'ailleurs que c'est une reprise de la musique de The Rose, et avouons qu'en japonais, c'est juste magnifique.)
Ainsi, en plus d'être très esthétique, comme toutes les oeuvres signées Ghibli, Omoide Poroporo s'accompagne d'une profonde mélancolie et nous ammène à opérer, en même temps que Taeko, une reflexion sur nous même. Certains le trouveront certainement trop long, ou ennuyeux, puisque l'histoire ne décolle jamais; mais le but de Takahata était ici, je crois, de nous ammener à nous souvenir, nous aussi, de nos dix ans dans une séquence purement nostalgique.