Tiré d'une histoire vraie.
Pris d'un pur point de vue cinématographique Space Adventure Cobra n'est pas un de ces chef-d'œuvres inaltérables de l'histoire du cinéma. Jamais personne n'écrira sa thèse de doctorat sur le puissant système sémiotique compris entre ses bobines de triacétate de cellulose. Nul ne tiendra de discours intellectuel prétentieux sur ce film dont la simple ambition est de vous raconter l'histoire d'amour d'un gars libidineux doté d'un laser dans le bras gauche. Non, décidément ce film n'est pas un de ces vides vaisseaux hérités de la Nouvelle-Vague. Un de ces pensums maladroits mais touchants dont on sent l'intention malhabile à chaque tournant. Ne venez pas ici chercher du théâtre filmé susceptible de vous faire ressentir le sentiment puissant du moment perdu dans son expression fugace : Space Adventure Cobra est ce rare classique qui n'a pas besoin d'être encensé dans les milieux huppés pour exister.
Tout commence à la surface d'une planète baignée par la lueur de lunes jumelles en vernis flotté. Ici-bas, un être difforme clame le gospel rétro-futuriste d'un univers inventé dans l'imaginaire de Buichi Terasawa. Selon lui, Dieu est mort. Quelques clics plus tard, il l'est aussi. C'est ainsi que l'on rencontre Jane Flower, la fameuse chasseuse de primes au passé improbable. Elle s'active dans ce système pour retrouver une légende dont la tête à été mise à prix des millions de crédit. Sa cible? Cobra. Présumé mort mais pourtant immortel. Malgré sa profession la demoiselle poursuit une quête des plus nobles. Dans ce cas-ci - très particulier - l'argent n'est pas la récompense escomptée. Si elle cherche l'homme au rayon delta, c'est par amour. Si elle espère succomber, c'est pour sauver sa planète. Ce qu'elle ignore, c'est qu'elle le connait déjà et que cet ardent brasier… la tuera.
Telles sont les bases de cette aventure colorée organisée par Osamu Dezaki et la Tokyo Movie Shinsha à travers les rivages chatoyants de l'univers de Cobra. En raconter davantage serait criminel : ce film presque totalement dépourvu de scénario s'appuie sur la qualité de sa réalisation pour hypnotiser le badaud. Une forme de magie opère entre ses secondes. L'effet subtil mais indéniable est digne d'un psychotrope. Tout tend dans cette œuvre à souligner un effet stylistique, un film d'animation n'a pas besoin d'un scénario solide pour subsister. Non, il doit juste enchaîner des dessins magnifiques à un rythme effréné afin de ne jamais perdre son spectateur. C'est cette magie qu'à oubliée Hollywood en se lançant à la recherche de la formule parfaite du film familial d'animation. À trop vouloir formater leur création en vue d'un succès escompté, ils en sont arrivés à un stade où il ne leur est tout simplement plus possible de créer un moment unique. Là où la création est réglementée et autocensurée par de mièvres impératifs capitalistes l'on tue l'invention.
Space Adventure Cobra reste un de ces exemples uniques dont on ne verra plus jamais un autre représentant : un film réalisé dans le seul but de vous inviter à vivre un voyage de l'esprit plein d'action et d'aventure. Le combat infini de la vie contre la mort. De l'amour comme source de cohésion philosophique de l'univers. Un gars avec un rayon meurtrier dans le bras gauche. De l'humour, des explosions, des designs inventifs, des alphabets aliens; le tout issu de l'imagination d'artistes généreux ravis d'œuvrer sur pareille toile. C'est aussi ça Cobra : une symphonie au vivant.