Des choses gentilles à dire sur ce film :
Space opera barré et bariolé, Space truckers est une belle petite curiosité signée Stuart Gordon dans laquelle Dennis Hopper joue les baroudeurs désabusés, Charles Dance les scientifiques défroqués (et démembrés) qui s’adonnent à la piraterie spatiale et Vernon Wells les brutes velues et grimaçantes comme on les aime... Et tous de s’amuser semble-t-il beaucoup.
L’histoire est toute simple : désœuvré après une embrouille avec son précédent employeur, qui a fini par passer par le hublot d’un diner de station spatiale, John Canyon (Dennis Hopper) se retrouve, flanqué de Cindy (Debi Mazar) serveuse au diner dépressurisé et de Mike (Stephen Dorff) aspirant routier, à devoir livrer une mystérieuse cargaison sur terre. Autant dire qu’ils seront menacés à la fois de l’extérieur et de l’intérieur... puisqu’ils transportent une cargaison de robots tueurs aux fesses particulièrement rebondies. Autant dire, aussi, que l’intérêt de Space truckers ne réside pas dans son scenario qui, s’il peut surprendre par les changements de tons que Stuart Gordon lui applique, reste très prévisible.
Il n’empêche que le film se suit avec plaisir, pour la bonne humeur communicative qui en émane régulièrement, pour une bonne partie de ses effets visuels, pour son ambiance, ses idées à la con et ses robots qu’on pourrait presque qualifier de sexy. Niveau univers/ambiance, Stuart Gordon a trouvé un ton particulier assez fun. Passé un prologue sympathiquement bis qui sert à poser les capacités martiales des robots, plans de pieds coupés restés alignés en rangs d’oignon après le massacre des soldats qui leur étaient attachés en prime, Gordon enchaîne avec une vue de l’intérieur de la cabine du camion de John Canyon qui arrive en vue d’une station spatiale. C’est là que Gordon dessine réellement l’identité de Space truckers : il y a des trucs en apesanteur qui volent partout (et dont on distingue parfois les fils), la voie qui mène à la station est balisée d’une masse d’enseignes et de publicités lumineuses tandis que défile le générique et qu’apparaît le logo du film, qui est à l’image de l’ensemble, rutilant, doré et disco-NASAesque.
La première partie du film, qui s’attarde sur la station, est visuellement la plus intéressante. Elle se situe à mi-chemin entre la BD de SF des années 70/80, par son côté hyper coloré et un peu punk, et les œuvres maîtresses de Shin’Ichiro Watanabe encore à venir Cowboy Bebop dans certains designs (les camions, la station...) et Space Dandy (les couleurs flashies, le code couleur de leurs logos respectifs est d’ailleurs assez similaire, le côté trivial de la vie spatiale...). Les décors, qui vont de pair avec les cadrages légèrement obliques qu’utilise parfois Gordon, sont volontairement courbés, déformés, de guingois, pour accentuer les effets de perspective et donner à la station un aspect chargé, vivant, claustrophobique. Ça fonctionne plutôt bien et renforce le délire d’ensemble au moins autant que l’insertion d’éléments croquignolets à l’image du système de sécurité utilisé pour protéger une porte dérobée située dans une des cabines de toilettes publiques : un automate en forme de vieille mamie qui hurle au satyre et ordonne de refermer la porte du cabinet dès qu’on la pousse.
Le reste du film, un peu moins original, reste très réjouissant puisqu’on y croise des pirates de l’espace très punk post-apo dans le visuel menés par Charles Dance en scientifique rapiécé de partout. Décalqué par sa création (les robots tueurs, c’est lui) il s’est rafistolé lui-même et greffé un nouveau pénis qu’il active en tirant sur une corde de démarrage à la manière d’une tondeuse (!). Et puis surtout John Canyon et ses amis y croisent les robots tueurs. À l’image du reste du film, les robots sont à la fois, un peu cheaps, sympathiquement kitsches et assez ingénieux. Loin de s’inscrire dans une longue file de robots tueurs massifs, anguleux, à la démarche saccadée et implacable, les créatures de Space truckers, si elles peuvent réduire des escouades de space marines à une éclaboussure, ont une démarche fluide, athlétique, presque élégante... et de beaux boules mis en valeur de manière consciente ou inconsciente par Stuart Gordon – les robots étant interprétés par des femmes. Si ces dernières peuvent parfois en faire des caisses à la manière des vampires ou des orcs persifflants d’arrière-plan, en se balançant d’une jambe sur l’autre, prêtes à bondir, tous doigts crochus dehors, elles apportent une touche de dynamisme supplémentaire aux scènes d’action.
Naturellement Space truckers n’est pas sans défauts, le récit reste prévisible et, plus ennuyeux, se traîne quand-même un peu parfois. Certains effets visuels, les incrustations notamment, ne sont pas très heureux. Mais il reste, malgré tout, extrêmement sympathique dans ce qu’il montre, dans ce qu’il apporte, dans ce qu’il développe, dans ce qu’il sous-entend. Un peu comme Robot Jox du même réalisateur, sorti six ans plus tôt, mais en mieux : Space truckers reste rythmé.
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Ou sinon, je regarde juste les 49 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool
Bonus
Le monde est peuplé d’Emily et de Sam
Personnage > Agissement
Avait pourtant été prévenu·e de ne pas faire ça – Contre-intuitif > Lance une répartie comique incongrue dans un moment dramatique – Mort > Meurt dans les bras d’un autre personnage – Mort > Tombe d’une balustrade après s’être fait flinguer – N’importe quoi > Projeté exagérément loin sous l’effet d’un coup de feu... voire d’un simple choc – Passion > Fait preuve de jalousie ou de rivalité masculine – Passion > Se fait draguer – Stylé > Demande un truc en claquant des doigts – Tension > Échappe in extremis à un danger
Personnage > Caractéristique
Stylé > Nom de héros trop badass pour être vrai
Personnage > Citation
Précise > « Rien de personnel » – Réagit > « Holy shit ! »
Personnage > Héros ou héroïne
Tension > Son fils, sa fille, sa femme, un·e proche est en danger, entre les mains des méchant·es
Personnage > Interprétation
En fait des caisses
Personnage > Méchant·e
Bute un sbire ou un membre du personnel pour faire une démonstration
Réalisation
Course-poursuite > Gros plan du pied sur la pédale d’accélération ou de freins – Fin > C’est reparti pour un tour – Fin > Tout est bien qui finit bien – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Ouverture > Survol à basse altitude de vastes éléments naturels
Réalisation > Accessoire et compagnie
Intelligence artificielle (de vaisseau)/interface > a une voix robotique/monocorde – Intelligence artificielle de vaisseau : a un petit nom à la con – Intelligence artificielle de vaisseau/interface/voix de haut-parleur : commente tout/repète les consignes/diffuse un message informatif – Pouet-pouet > Effet pyrotechnique hasardeux – Stylé > Valise pleine de billets – Tension > Compte à rebours
Réalisation > Audio
Ambiance sonore > Alarme stridente de vaisseau spatial/laboratoire/base secrète – Bruit exagéré > Accessoire – Bruit exagéré > Balles qui ricochent contre du métal – Bruit exagéré > Coup de couteau – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Bruitage informatique qui pioupioute accompagnant l’incrustation d’un lieu ou d’une date – Effet > Lasers qui font « piou-piou », touches d’ordinateurs qui font « pi-pou-pou » etc. – Musique > Saxophone sexy
Réalisation > Surprise !
Faux suspense ! – Faux suspense > C’était juste un exercice, un entraînement ou un test – Surpris·e par quelqu’un qui lui parle soudainement dans le dos – Tension > Note la présence d’un monstre derrière elle/lui par la réaction des personnages qui lui font face
Scénario > Blague, gag et quiproquo
Coup dans les couilles (gag)
Scénario > Élément
Tension > Décompression d’une pièce de station spatiale ou d’un habitacle de vaisseau (suite à un choc sur un hublot)
Scénario > Ficelle scénaristique
Infiltration > Enfile la tenue d’un·e méchant·e
Scénario > Situation
Bagarre > de bar – Menace > Impliquant la bite et/ou les couilles – Tension > Doit s’échapper avant la destruction imminente de...
Thème > N’importe quoi
Scientifiquement non prouvé > Physique des matériaux soumise à rude épreuve
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Attitude, remarque et/ou stéréotype sexiste – Objectification sexuelle > Reluque une femme – Objectification sexuelle > Tenues légères
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais