Johan Renck ne s'est pas foulé des masses, enfin si, pour créer un traitement efficace contre l'insomnie.
Il pique superficiellement quelques idées et sonores de 2001, l'Odyssée de l'espace (genre le ton monocorde de l'extraterrestre ou de l'hallucination, sous forme d'araignée, qui fait penser à celui d'HAL 9000 !) ou du Solaris d'Andreï Tarkovski (avec tout plein de plans d'eau !), mais en prenant bien soin, au contraire de ces deux chefs-d'œuvre, de ne pas aller vers une moindre richesse de thématiques.
Bon alors, c'est Adam Sandler, en astronaute dans l'espace, qui fait sa meilleure tronche de dépressif tout du long parce que sa femme ne communique plus avec lui. Il y a une espèce d'arachnide qui lui fait comprendre, en surlignant bien par des dialogues bien surlignés (sa seule fonction... pour lui injecter de la consistance, on repassera !), qu'il est une sale con et que c'est pour cela que sa meuf ne lui adresse plus la parole. Puis, il se souvient que, quand même, il est un peu moins sale con que ne l'était son père, en deux-trois courtes scènes balancées vite fait, sans approfondissement scénaristique et psychologique (donc il y a des raccourcis psychanalytiques à deux balles en supplément !).
Ses collègues n'ont comme fonction... oui, que des personnages-fonction pour les quelques seconds rôles (merci, au passage, d'avoir pris Isabella Rossellini pour la faire dégager très vite, sans la moindre raison logique !) que d'exprimer leur inquiétude pour lui (oui, la mission et tout le reste, on s'en tape très rapidement... pourquoi avoir pris quelques minutes pour en exposer le contexte si ce n'est pour rien en faire ensuite !) et de ne pas lui balancer une vérité difficile à entendre, mais nécessaire, pour, à la place, le laisser mariner, dans un état psychologique pas des plus au top, dans l'incertitude la plus angoissante (oui, c'est stupide !).
Sa femme enceinte est un personnage aussi vide que son ventre est plein. Elle se contente uniquement de se promener avec son poids en plus devant la caméra, sans que rien soit creusé d'elle (si vous voulez un film prenant bien le temps de mettre en scène des relations de couple, à distance ou non, allez voir ailleurs !). Cela valait le coup d'avoir à sa disposition une actrice aussi talentueuse que Carey Mulligan pour ça.
Bon, en résumé, passé une courte présentation du protagoniste et de sa mission (qui annonçait quelque chose de bien meilleur !), les trois quarts de la suite, c'est l'autre ne faisant que s'inquiéter de sa meuf en discutant avec l'araignée (ouais, c'est ultra-répétitif de ouf !), avec quelques flashbacks subliminaux, y compris avec le père (avec un cinéaste croyant que cela suffirait à dissimuler un vide intergalactique !), trop brefs pour injecter la plus petite profondeur. Ouais, tout ça pour mettre en avant qu'il est en train de se rendre compte qu'il était un sale con.
Pour quasiment l'intégralité du quart qui suit, on a un trip dans les abords de Jupiter avec musique méga larmoyante (Max Richter, étonnamment médiocre ici !) qui a pour seul objectif de bien faire comprendre qu'il faut activer les glandes lacrymales maintenant. Et, à la fin, par la magie de la paresse scénaristique, tous les ennuis du couple s'arrangent en un court coup de fil. Youpi.