« Sparrows » est un film islandais du réalisateur Rúnar Rúnarsson, plus connu pour ses courts métrages. Il fut notamment nominé à l’Oscar du meilleur court métrage de fiction en 2005.
Le film est une sorte de "teen-movie" qui s’attache aux pas d’Ari, un jeune garçon dont la passion est le chant. Il est d’ailleurs membre d’un chœur – ce qui me semble être une pratique courante en Islande –, dont la représentation donnée à la cathédrale de Reykjavik, Hallgrímskirkja, a été diffusée à la télévision nationale. À l’ouverture du film, Ari fait ses adieux à sa mère : celle-ci part travailler en Afrique avec son conjoint danois, et ne souhaite pas que son fils l’accompagne. Il sera confié à son père, dont sa mère est séparée depuis longtemps, qui vit dans la région des Westfjords.
En traînant un peu les pieds, Ari atterrit donc dans le village de sa petite enfance au beau milieu des Westjords, bien loin de Reykjavik et ses amis où il vivait depuis longtemps. Tout a bien changé, sa relation avec son père, un adulte un peu attardé, est assez maladroite et ses copains de jeunesse ne sont pas tous très accueillants. Heureusement, sa grand-mère, compréhensive, et son travail d’été dans une usine de poisson lui permettent de ne pas tomber entièrement en dépression.
Filmé dans les paysages naturels somptueux des Westfjords, le film ne leur rend pas pleinement justice. Son atmosphère grisâtre, sa brume permanente et son obscurité ambiante des mauvais étés, en revanche, font tout à fait écho à son propos aussi lugubre que déprimant.
Le film traite, sans beaucoup d’originalité, du passage à l’âge adulte. Le héros voit ses repères chamboulés : il tente de renouer une relation avec son père, avec lequel il entretient des rapports conflictuels (il lui reproche notamment son absence et son désintérêt), et doit s’acclimater à un nouvel environnement, largement hostile. Pour couronner le tout, Rúnar Rúnarsson dépeint une société de village très pessimiste et négative : pour tromper leur ennui, les jeunes comme les vieux font la fête de façon sordide, trouvant dans l’alcool et la drogue la seule échappatoire à un quotidien morne et répétitif. Le seul évènement rompant la monotonie est l’enterrement d’un défunt. C’est, d’ailleurs, un prétexte assez morbide au rassemblement de la communauté et – encore une fois – à une sorte de fête assez dévoyée.
Il y a apparemment une tendance assez répandue en Islande qui consiste à réaliser ce genre de film, volontairement très lourd, pessimiste et déprimant. Cela ne constitue pas l’essentiel de leur production – même si les années récentes montrent une large tendance au film policier ou au drame lourdingue – et est d’autant plus étonnant que les Islandais sont un peuple pourtant assez optimiste. La vie dans les Westfjords est, d’ailleurs, heureusement plus gaie et loin d’être aussi sombre que le film ne cherche à le montrer.
Tout n’est cependant pas à jeter dans le métrage, qui a ses (rares) moments de gloire.
Il y a quelques scènes assez réussies, en particulier cette séquence de chant dans le silo vide, où les sons célestes de la voix d’Ari résonnent pendant de longues minutes. Impressionnant.
Pour le reste, « Sparrows » constitue l’archétype du film de passage à l’âge adulte très banal avec son lot de lieux communs. Le film est très noir et n’offre aucune échappatoire, à l’image de ce final d’une brutalité effarante qui vient porter le coup de grâce à un spectateur sans doute déjà largement éprouvé par toutes les épreuves que subit Ari tout au long du film.
J’ajouterai que ce n’est clairement pas le genre de film à voir si vous avez le moral dans les chaussettes.