C'est drôle ; je suis d'ordinaire pas un grand fan de Kubrick, dont je trouve l'oeuvre globalement intéressante, mais extrêmement sur-évaluée par une bonne partie du public.
Et pourtant, si je devais désigner mon film préféré entre tous, ce serait sans grande hésitation Spartacus qui ressortirait.
Alors bon, c'est un "Kubrick" particulier, peut être le moins Kubrick des films de Kubrick, ceci expliquant peut être cela, mais quand même. Mon film préféré est un Kubrick... Paye ton originalité^^
J'ai vu ce film très très jeune (à vue de nez, je devais avoir entre 5 et 7 ans) et il m'a marqué au fer rouge à vie (et c'est de circonstance ;-)).
Dieu que j'aime ce film! Que je le trouve grandiose! C'est pour moi l'archétype du "Film Total" ; il y a tout dedans :
De l'action, des dialogues puissants et fins, des personnages charismatiques bien campés, un scénario simple, intelligent et efficace, de la romance (et de la bromance d'ailleurs), du spectaculaire, du grandiose, de l'intime, un message Politique, de l'Histoire (pas toujours très rigoureuse, certes, mais qui garde l'essentiel), de la poésie, du voyage et de l'évasion, de beaux décors, de l'épicness, une musique qui claque, une réal' impressionnante qui reste très agréable après des décennies, des rebondissements, de la tension, du drame....
Il y a tout dedans et du tout bon. Le seul point qui manquerait serait l'humour (et encore, Ustinov fait de son mieux pour que ce dernier ne soit pas tout à fait absent).
Même quand il prend des libertés vis à vis de l'Histoire, il le fait rarement de manière gratuite et souvent c'est même de façon très adroite ; par exemple sur le fait que Spartacus est a priori censé être d'origine noble aux dernières nouvelles du consensus Historique ; le film l'évoque en indiquant que cette origine noble serait en fait une "fake news" des Romains (les vainqueurs écrivent l'Histoire comme on dit) afin de ménager leur orgueil blessé, ce qui est à la fois plutôt crédible historiquement parlant et qui rentre parfaitement dans le propos du film et la caractérisation des personnages et notamment de Crassus.
D'ailleurs, Crassus, parlons en ; En voilà un antagoniste bien écrit comme on en voit trop peu. On aurait pu tomber dans la facilité d'en faire un gros méchant caricaturale et unidimensionnel. Mais non! Le type est une grosse ordure qu'on rêve de voir se faire powned la gueule à coup d'or fondu dans sa face façon Viserys Targaryen, certes, mais c'est une ordure subtile, ce qui le rend à la fois beaucoup plus réaliste et plus beaucoup plus flippant.
Le type a de l'honneur. Il refuse de prendre Rome (et Varinia) par la force quand il le pourrait, il est solidaire de son abruti d'ami, il croit dur comme fer au bien fondé de son action pour le "salue de la République Romaine" et à l'Ordre. Il incarne à merveille la figure du despote autocratique, à la fois fascinante et fascisante.
Et les autres ne sont pas en reste ; Kirk Douglas est habité par le rôle (ce film est son bébé en même temps), Jean Simmons est parfaite en figure archétypale de la beauté et de l'innocence, Ustinov est comme toujours génialissime à chaque réplique, Gracchus en figure apocryphe de la mouvance "plébéienne" de l'élite Romaine est exquis, et même le Divin Jules, très discret, en impose dans la sobriété....
Si on parle des défauts... Bin avec toute la bonne volonté du monde, je vais avoir du mal à en trouver... Allez, pour la forme je dirais que certaines scènes de piquenique champestre pique un peu les yeux au niveau des décors.
Le film a une telle charge émotionnelle que j'ai beau le voir pour la 30ème fois (je me le fait souvent pour me consoler après une grosse déception cinématographique mal digérée, suivez mon regard^^), et bien aujourd'hui encore, je ne peux contenir un ou deux frissons lors du discours aux troupes, ni une ou deux larmes lors de la conclusion...