Jason Blum.
Remake d'un film adulé que pourtant pas grand monde n'a vu.
Voilà donc aujourd'hui les deux arguments avancés pour critiquer Speak No Evil.
On repassera donc pour le sens critique.
Le masqué, quant à lui, se complaît dans son inculture puisqu'il avouera ne pas avoir vu le film original. Et qu'il s'est traîné dans la salle sous l'influence d'une bande-annonce intrigante, de la présence de James Watkins à la barre et d'un James McAvoy semblant tout droit évadé de Split.
Car il en faut peu, finalement, au Masqué, pour être heureux. Et pour envisager d'écrire que Speak No Evil présentait une manière de bien tenir sa langue.
Quoique, à la sortie de la salle, il ne se montrera pas si convaincu que cela. Alors même que la confrontation entre ces deux familles, en miroir inversé l'une de l'autre, servent un propos intéressant et radical sur les oppositions et les hypocrisies des politesses du quotidien.
Car si, dans l'ensemble, le thriller tient plutôt ses promesses, tandis que James Watkins emballe toujours certaines scènes avec panache et sait installer le malaise, comme dans Eden Lake et La Dame en Noir, c'est bel et bien au niveau de l'écriture que le bas blesse.
James McAvoy a beau à nouveau porter toute la duplicité de son personnage, tandis que Mackenzie Pierce et Scoot McNairy jouent à merveille les bourgeois frigides, on ne cesse de se dire que quelques choses clochent.
Une partie de l'explication viendra sans doute du fait que Speak No Evil dure une heure cinquante. Soit une bonne vingtaine de minutes en trop qui nuisent à l'impression d'ensemble. Comme si Watkins, ou ses scénaristes, s'attardaient plus que de raison, ou doublaient certains artifices d'une intrigue qui n'en avait pourtant nul besoin pour affirmer son efficacité.
Et puis, il y a ces prétextes parfois totalement idiots qui fleurissent, comme ce putain de Lapinou qu'on oublie de manière opportune ou qui disparaît à l'envi. Soit une peluche crispante que l'on a furieusement envie de décapiter pour préserver sa santé mentale de cinéphile. Tout comme sa petite propriétaire que l'on a parfois envie de baffer.
Speak No Evil s'impose donc parfois de sacrés boulets au pied qui l'empêchent de pleinement avancer et d'être totalement tendu, comme il aurait dû normalement l'être. D'autant plus que le twist, que n'aurait pas dédaigné le Shyamalan de The Visit, était plutôt bien amené, même si le mystère du personnage campé par James McAvoy perd de son aura quand il s'improvise thérapeute conjugal.
Et cette dernière ligne droite se montre efficace, et surprenante dans son accès de rage final pas très commun dans le cadre d'une production américaine moderne, même horrifique. Une satisfaction qui ne viendra cependant pas totalement redresser la barre d'une œuvre qui laisse déborder sa volonté d'efficacité, manifeste, par pas mal de facilités et maladresses dommageables.
Même si le masqué reste conciliant, il n'ira pas jusqu'à dire qu'avec Speak No Evil, il s'est trouvé devant une famille formidable.
Behind_the_Mask, qui a définitivement balancé Lapinou par la fenêtre.