Spécial nanar

Amateur de nanars, c'est à vous que je m'adresse, vous qui adulez des sommités telles que Tommy Wiseau, Ed Wood ou Albert Pyun... En même temps, la lassitude vous guette à l'issue d'un énième visionnage de "Turkish Star Wars" ou du "Jour et la nuit", le chef d'oeuvre de BHL...
Je vous propose donc de découvrir une rareté, une perle méconnue du nom de "Spécial police", qui a déjà le mérite de se situer dans un genre moins balisé question nanar, celui du polar français.

Le cinquième et ultime long-métrage de Michel Vianey cumule plusieurs lourds handicaps.
Primo, il s'agit d'un film (en partie) axé sur les "nouvelles" technologies, en l'occurrence les applications pratiques de l'outil informatique au milieu des années 80.
Or ce type de fictions vieillissent très vite et très mal, devenant obsolètes aussi rapidement que le matériel et les avancées technologiques mis en avant au cours du récit (rappelons nous par exemple de "Traque sur internet" avec Sandra Bullock en 1995).

Autre mauvaise idée qui plombe le film, la volonté de faire passer Richard Berry pour le type le plus cool du monde. Dès la première scène, où l'ami Richard cartonne gentiment ses étudiants-flics, dont il assure la "formation informatique", on sent bien que cette tentative est vouée à l'échec, tant l'allure du personnage, son look, sa désinvolture apparaissent bien vite artificiels et surjoués...

Le mec s'habille super mal, sort des punchlines en carton, mais se révèle capable de séduire la jeune Carole Bouquet (assez moche, il faut bien le dire) en à peine une soirée, tout ça en se vautrant dans un humour foireux, alors même que la demoiselle vient de perdre en 48 heures son propre frère, sa belle-soeur et sa meilleure amie...
Un contexte extrêmement propice à une bonne grosse marrade, n'est-ce pas Richard?

On pourrait évoquer en outre les nombreuses facilités et autres invraisemblances qui jalonnent le film, mais aussi mentionner l'étrange sous-intrigue qui mêle la communauté asiatique à cet imbroglio scénaristique...

Pour ma part, après une phase de sidération face à cette accumulation d'inepties, j'ai fini par basculer joyeusement vers un second degré salvateur, au point de me régaler finalement devant les divers excès et autres nimperies que "Spécial police" ne manque pas d'aligner généreusement jusqu'à son terme.

Dans cette optique-là, le film s'avère plutôt réjouissant, mais de toute évidence les intentions du réalisateur étaient ambitieuses, ce qui laisse tout de même un vilain goût d'amertume à l'issue du visionnage. Dommage pour Fanny Cottençon, comme souvent impeccable dans le rôle de l'ex-femme du héros.

Edit : J'ai vu depuis un autre polar de Michel Vianey, le très honorable "Un dimanche de flic", et j'ai du mal à comprendre l'écart qualitatif abyssal entre les deux films. Etrange...