Mais c'est quoi donc, Spectateurs! ? Une déclaration d'amour au cinéma et aux salles qui le célèbrent, oui, assurément. Mais c'est surtout un objet hybride où il est question de ceux qui le font et que Arnaud Desplechin admire : Bergman, Rossellini, Ford, Truffaut, etc, et de ceux qui le regardent, vous, moi, lui, spectateurs de films d'auteur mais aussi de blockbusters. C'est un fourre-tout, un objet hybride, aussi bien un documentaire qu'une fiction, avec quelques saynètes décrivant Paul Dédalus, le double de Desplechin, à l'enfance, l'adolescence et la jeunesse, avant de passer derrière la caméra. Comme Carax, récemment, le réalisateur de Rois et reine égrène, sème et se souvient. Certains passages sont plus marquants que d'autres, ceux où il évoque longuement Jacques Lanzmann et son monumental documentaire Shoah, en particulier. Pas d'ennui véritable à signaler dans Spectateurs! car tout s'enchaîne sinon naturellement, du moins avec un certain rythme, même si le commentaire pontifie parfois en voix off. L'enthousiasme et la générosité de Desplechin sont palpables mais prennent-ils vraiment une forme susceptible de susciter une adhésion immédiate ? Disons qu'on a le droit de rester quelque peu circonspect, comme on a pu l'être, il y a quelques années, devant un essai cinématographique de Jean-Luc Godard.