Le succès de X-Men démontra aux gros studios qu'ils avaient tout intérêt à prendre les super-héros aux sérieux. La Fox détenant la super-bandes de mutants, Columbia Pictures a jeté son dévolu sur la rockstar des surhommes en lycra j'ai nommé Spider-Man. Quitte à jouer sur le même terrain, autant s'entourer des meilleurs partenaires. La major débauche rien de moins que Sam Raimi, réalisateur culte de la trilogie Evil Dead. Artisan de génie doublé d'un fan de la première heure, Raimi est surtout un cinéaste particulièrement investi quand il s'agit d'habiter son sujet. C'est d'abord grâce au cinéaste que la réussite tient de l'évidence.


L'origin story de l'Homme-araignée est d'abord une fable sur l'adolescence de Peter Parker. Raimi aborde son héros avec un mélange de tendresse et de vacheries qui marche à presque tous les niveaux. On le voit gérer sa timidité, ses sentiments refoulés et la transformation de son corps avec beaucoup de plaisir, d'autant plus que le film ne s'embarrasse jamais de superflu (120 minutes en ligne droite). Tobey Maguire le campe avec beaucoup de conviction et ce qu'il faut d'auto-dérision. Du casting, je retiendrai d'avantage le grand Willem Dafoe, qui sait aussi bien cabotiner avec brio qu'instiller de la sympathie pour Norman Osborn/le Bouffon Vert. Quand les deux icônes apparaissent au grand jour, Raimi passe à l'attaque. Et c'est le jackpot.


Chaque dollar investi se voit à l'écran. La caméra épouse les sens de Spider-Man, tout en s'adaptant aux lieux pour livrer quelques superbes empoignades au dessus du vide. Le long-métrage trouve l'harmonie entre effets pratiques et artifices numériques. De fait, plusieurs plans impossibles (ceux où le super-héros virevolte) sont techniquement irréprochables, jouant à merveille sur les sentiments de vertige et de vitesse. On passera volontiers l'éponge sur quelques incrustations malencontreuses tant le savoir-faire impressionne à l'écran. Le seul vrai point noir repose sur l'histoire d'amour, franchement mièvre. Ça pourrait être un détail, hélas il occupe une place non-négligeable dans l'intrigue. Il est préjudiciable que la charmante Kirsten Dunst soit confinée au rôle caricatural de la demoiselle en détresse. On se rattrape un peu sur la relation Osborn père et fils, plus touchante qu'attendue, et la performance décapante de J.K Simmons en Jonah Jameson. Enfin, Danny Elfman offre à son deuxième vigilante (après Batman) un très bel hymne.


Pas besoin d'attendre le deuxième X-Men, le Spider-Man de Sam Raimi confirme que les comics sont une source plus qu'exaltante pour donner un coup de fouet aux divertissements grand public. Sans révolutionner la pop culture, le film a contribué à rabattre les cartes à Hollywood. Sur la durée, on ne retrouvera pas souvent un tel soin accordé pour donner du cœur et une personnalité au genre. Ce qui rend l'œuvre encore plus précieuse.

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le 28 juil. 2019

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