La Beauté du geste
Si l'on devait inclure le troisième volet de l'homme araignée au coeur même du MCU, la dévotion et la dextérité de Raimi envers son protagoniste donnerait une belle leçon aux exécutifs de Marvel...
le 6 mars 2020
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Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
Puis très vite Dieu dans son infinie bonté constata que les hommes ayant péché et devant pour cela mourir d'une façon ou d'une autre après avoir passé une vie à trimer il était un minimum "saint" de sa part de leur donner un moyen de se divertir. Pour cette raison, Dieu inventa le cinéma. Mais ce n'était pas tout ! Dieu a eu du flair et il a vite perçu (peu de temps après Platon) que l'art jouait un rôle essentiel dans le développement des mœurs d'une civilisation : il pouvait ainsi être corrupteur ou bien purificateur en donnant aux hommes des modèles à imiter et vers lesquels tendre. Alors...le seigneur dans son infinie bonté créa un nouveau sous-genre à part entière : le cinéma de super-héros ! Ainsi, l'homme pourrait, à défaut de retrouver sa perfection originelle, tendre au mieux vers celle-ci par la contemplation de héros tels les X-Men ou encore Spider-Man classiques du début du 21ème siècle.
Mais il manquait un petit quelque chose...même si bon nombre de films sortis durant ces années étaient approuvés par Dieu et frappés du sceau de l'excellence divine il manquait une sorte de film "messianique" : un film qui susciterait incompréhension et parfois rejet en dépit de ses divines qualités et de son immense générosité et serait sacrifié pour permettre la rédemption à venir du cinéma de super-héros. C'est ici que "Spider-Man 3" entre en scène...non pas que celui-ci soit considéré comme un "navet" ou une grosse bouse mais il faut admettre qu'il n'est pas autant apprécié que les deux premiers pour des raisons globalement bidons.
Les deux premiers "Spider-Man" ont été des coups de génie marquant définitivement le genre : le premier par son caractère initiatique, le deuxième par son exploration des dilemmes internes du héro se sacrifiant par pur devoir et hésitant constamment entre vertu publique (sauver de parfaits inconnus) et amour privé (Marie-Jeanne). Toutefois, Marie-Jeanne ne resterait pas la sainte vierge Marie-Jeanne du fait de sa volonté d'entraîner l'homme araignée dans son désir concupiscent. Ainsi, Dieu vit qu'il serait préférable de donner à Sam Raimi (son envoyé providentiel au moment de la création de ces trois films) l'idée d'un homme araignée plus sombre, plus ambiguë, qui témoigne d'imperfections le rendant moins lisse. On y découvre ainsi (ô scandale) un Peter Parker (sous l'influence de son nouveau "costume") tour à tour vengeur, frimeur, violent mais aussi parfois "danseur" ce qui créa moults indignations de la part de "fans" aveuglés par leur niaiserie ne comprenant décidément rien au génie de cette scène mythique pensée pour être perçue au second (voir troisième) degré et s'exclamant que ça n'avait rien de "très méchant". Ridicule et injuste une fois encore puisque le personnage est largement moins lisse que dans les deux premiers films et fait d'énormes bourdes avec sa Marie-Jeanne du fait de sa mégalomanie naissante. Ce qu'il faut comprendre c'est que le personnage de Spider-Man étant profondément "bon" à l'origine la soumission aux passions tristes qu'il subit de plein fouet dans ce film du fait de diverses difficultés personnelles et relationnelles va le rendre moins "bon" sans faire de lui un affreux criminel, ce qui sera le cas de ce dépravé d'Eddie Broke en revanche le mal étant déjà parfaitement perceptible chez lui même avant la contamination du costume.
Le film sera également crucifié car il y a "trop de méchants" (là encore c'est divinement bête). Chaque méchant présent dans le film a le rôle qui lui convient et bénéficie d'un temps suffisamment raisonnable : Le nouveau bouffon vert incarne le péché lié au ressentiment et à l'ignorance et la rédemption par son sacrifice, l'homme-sable incarne les remords liés au choix de l'injustice pour des motifs apparemment moraux et élevés et "Venom" (qui n'avait pas besoin de monopoliser tout le film, n'en déplaise aux "fans-boys") incarne le mal et la persévérance consentie dans celui-ci. Tous les personnages sont extrêmement bien écrits et la narration est tellement (une fois encore) fluide et dynamique que l'on a jamais le temps de s'ennuyer et ne parlons même pas des effets spéciaux et des scènes d'action toutes plus virtuoses les unes que les autres (avec une mention spéciale pour la naissance de l'homme-sable).
Il faut également relever la performance mémorable des acteurs en particulier "James Franco" qui nous offre une palette d'émotions très diversifiée et qui est au sommet ici. Les musiques quant à elles sont toujours très puissantes et contribuent à faire de cette trilogie venue des cieux une belle œuvre d'art profonde et aboutie qui ne prend pas vraiment de ride. Encore une fois le très grand Tobey Maguire nous confirme qu'il est irremplaçable dans le rôle du tisseur de toile et que les suivants ne seront (au mieux) que de simples épigones...il EST Spider-Man !
Ainsi, Dieu avait créé par l'intermédiaire de la figure de Sam Raimi un film parfait...peut-être le meilleur dans cette catégorie (avec le "Dark Knight" de Nolan) et il vit que cela était bon. Néanmoins, il fallait que ce film soit un minimum incompris ou descendu et qu'il soit crucifié sur l'hôtel de la bêtise car...le genre de "super-héros" traverserait par la suite une descente dans les limbes des enfers : le capitalisme (autrement dit le malin) prendrait le contrôle total de la direction filmique et s'ensuivra produits à la chaîne des blockbusters tous plus lamentables les uns que les autres. Les tentatives de "reboot" de l'homme araignée destinés à plaire aux très jeunes lycéens n'y changeront rien...l'homme araignée était reparti aux cieux sa mission sur terre étant terminée. Toutefois, face au sentiment d'effroi grandissant et face à l'explosion de mauvais films marvels la cote de popularité de "Spider-Man 3" est destinée en toute logique à grimper toujours plus, ses qualités devenant toujours plus évidentes avec du recul. De plus, la nécessité d'un "Spider-Man 4" se fait toujours davantage sentir pour nous sauver de nos péchés à nous qui ne parvenons à apprécier un film de provenance divine explorant la thématique du pardon, de la faute et de la responsabilité morale avec brio.
Ainsi, Dieu renverra son fils araignée dans le monde du cinéma de super-héros et il ramènera la paix sur terre, que Sam Raimi l'y aide et cesse de soumettre à la tentation de la médiocrité les jeunes générations n'ayant pas eu la chance de grandir avec le "vrai" Spider-Man.
Amen(e nous Spider-Man 4 ça commence à faire long!!!).
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Créée
le 27 juil. 2024
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