ATTENTION MEGA SPOILERS DU FILM ET DU MCU. Sans déconner. Cassez-vous si vous ne voulez pas être divulgâché.
Dernier film de la phase 3, Spider-Man Far From Home a la lourde tâche d’embarquer le Marvel Cinematic Universe vers de nouveaux horizons après Endgame . Mais Peter Parker s’en fout, il a Erasmus, pour le pire (de la mise en scène) et le meilleur (de la comédie).
Tony Stark est mort. Exit Iron Man, un trou béant endeuille le monde des super-héros. Mais, le MCU ayant horreur du vide, il faut lui trouver un remplaçant. Désigné par son père symbolique, Spidey ne se sent pas les épaules de prendre sa place. Et puis, il a d’autres priorités, comme ces summer vacations scolaires à travers l’Europe, où il compte bien choper MJ, malgré sa maladresse. D’entrée, le ton est donné : à l’instar de son héros, le réalisateur Jon Watts ne veut pas des scènes d’action. Pour cause, il ne les maîtrise pas. Pas de bol, c’est un blockbuster d’action, c’est dans le cahier des charges : des titans de feu et d’eau sont bien décidés à pourrir l’Erasmus du héros. Alors quand un premier monstre hydrique - un élémental - vient gâcher le voyage à Venise, la scène a tout d’une tannée visuelle, une bouillabaisse numérique dans un décor qui pue le studio, avec un montage ultracut pour cacher la misère de la mise en scène.
On se dit que si le film reste sur ce régime, on va saigner des yeux et passer de sales quarts d’heure. Puis, arrive Mysterio (Jake Gyllenhall, toujours au top). Le personnage, d’abord allié du Tisseur, prend de l’épaisseur à la faveur d’un twist bienvenu (quoique sans doute prévisible pour les lecteurs du comic). Maître de l’illusion numérique, Mysterio n’est pas le héros issu d’une dimension alternative qu’il prétend être (ils nous ont bien eu avec leur bande-annonce truquée) mais veut créer une fausse menace pour apparaître aux yeux du monde comme le nouveau héros numéro un. Âge de la post-vérité fait chair, Mysterio permet aussi en partie de justifier l’indigence technique des combats numériques du premier acte - tout semblait faux, mais comme tout l’était effectivement, on va dire qu’on pardonne… Bien sûr, tout cela est bien trop superficiel, comme d’habitude avec le MCU. On sort avec cette même sensation qu’avec le premier opus : les scénaristes tenaient là un bon méchant - c’est assez rare dans le MCU - mais, comme avec le Vautour dans Homecoming, ils ne l’ont qu’effleuré.
Pour cause, pas le temps. Le métrage doit débiter ses kilogrammes de blagues et de comique de situation, si bien qu’il n’a pas le loisir de penser à développer un quelconque personnage. Le pire, c’est que ça fonctionne quand même : le film est drôle car très bien écrit à ce niveau-là. Si tu kiffes vraiment ça, fais des teen-com à la Ferris Bueller, Jon, on ne t’en voudra pas.