Ça y est, ça va parler pop-culture et interprétations presque philo...
Si vous en avez déjà marre, merci de passer à une autre critique !
Si vous avez peur des spoilers, il y en a quelques-uns aussi, faites gaffe ;)
Bon.
De base, j'aime pas les films de super-héro. J'aime encore moins les films de super-héro super longs. Mais j'ai un p'tit faible pour certains Marvel, quand même, avouons-le. Et pour le coup, j'ai trouvé ce Spider-Man très réussi, bien plus réussi que le récent Endgame.
Et pourquoi ?
Parce qu'on y retrouve : une histoire d'amour qui marche bien, un super-héro qui tend anti-héro (bon, ok, c'est à la mode, mais avouons-le, un ado prépubère c'est pas forcément ce à quoi on pense en premier pour incarner notre Spider-Man), un très bon casting, pas de mélo cucul chiant à mourir et un méchant pas trop manichéen.
Et à l'heure des storys Instagram, j'ai trouvé que Far From Home traitait de manière très intéressante du sujet de l'égo tout au long des deux heures de long-métrage.
Tout d'abord par cet ado collègue de classe de Peter Parker, constamment en train de se filmer et de partager son contenu en direct. On comprend par un bref clin d’œil qu'il souffre d'une famille absente et que ses storys apparaissent plutôt comme un exutoire.
Peter Parker lui-même est entièrement traversé par la question de l'égo et de l'identité : manque chronique de confiance en soi, problème pour aborder la fille qu'il aime, peur de décevoir, peur que les gens sachent vraiment qui il est... Bref, il semble l'archétype même de la personne en manque d'égo.
Et cela bien sûr par opposition à Jack Gyllenhaal alias Mysterio, qui, alors même qu'il n'a aucun pouvoir, arrive à créer des illusions de danger pour prouver sa valeur au monde. Lui, à l'inverse de Parker, est mû par son égo et par son besoin de reconnaissance. Il utilise des évènements qui n'existent pas et montre des pouvoirs qu'il n'a pas pour se rendre important. N'y a-t-il pas là un lien à tirer avec le narcissisme des réseaux sociaux, avec ces images retouchées qu'on partage pour avoir plus de like et, justement, avec cette course aux followers ?
Et si cela ne suffisait pas, dans ce film, quasiment toute technologie est utilisée de manière perverse, comme les réseaux qui pourraient être la meilleure invention de l'humanité mais qui se retrouvent être des décharges culturelles et des vagues de haine. Des exemples ? Les lunettes de Parker qui manquent de peu de tuer un camarade de classe, les drones qui créent un faux-monde pour rendre un méchant important, le jet de Happy qui fabrique un nouveau costume à Spider-Man et prouve ainsi l'importance de l'apparence, la photo compromettante de Parker qui aurait pu ruiner sa future relation...
Et l'on pourrait continuer comme cela encore et encore...
Concluons donc en expliquant pourquoi Mysterio, incarné par Gyllenhaal, arrive à être un méchant pas (ou peu) manichéen. Et c'est le sujet de tout le film...
Parker n'arrive pas à séduire MJ à cause de Brad, un grand et beau jeune homme également amoureux de la jeune femme. La situation s'inverse lorsque MJ comprend qu'en fait Parker est Spider-Man. Et bien qu'elle jure que ce n'est pas à cause de ça qu'elle s'intéresse à lui, le spectateur n'est pas complètement dupe à moins d'avoir été bercé aux films de princesses Disney toute sa vie.
Ce retournement de situation rend par conséquent le méchant Mysterio bien moins manichéen car lui, sans super-pouvoirs, un peu comme nous le spectateur en somme, n'aurait aucun moyen de séduire sa propre MJ, de faire le poids face à un Brad, s'il était mis dans la même situation que Spider-Man. Il n'aurait aucun moyen sauf en passant par la voie du mensonge. Et c'est celle qu'il a choisie.
Bref, bref, bref...
Parlons peu, parlons bien : ce Spider-Man est un très bon film Marvel, efficace, avec de la tension et une histoire bien ficelée.