Qu'il est difficile de passer après l'incroyable film d'animation Spider-Man Into the Spider-Verse (ou Spider-Man: New Generation chez nous). Si beaucoup de sites aiment titrer à chaque nouveau film sur l'homme araignée "Meilleur film sur le personnage depuis Spider-Man 2", ils avaient sans aucun doute raison pour ce dernier.
Pour ce Far From Home en revanche, c'est une autre histoire...
SPOILERS mineurs inclus
SPOILERS majeurs indiqués et cachés
Alors que les Avengers ont débarrassé la galaxie de la menace Thanos et fait revenir les morts du "snap" à la vie (et sont devenus le plus gros succès du cinéma, détrônant Avatar..) le film démarre avec une introduction assez déconcertante et déstabilisante qui nous explique comment les personnes "snapés" n'ont pas vieillis d'un iota quand les autres ont pris 5 ans de plus.
S'ensuit l'habituel logo Marvel Studios sur du....Whitney Houston..Cette impression d'être réellement ou non devant un film Spider-Man va perdurer pendant un bon moment. Toutefois, on ne peut que difficilement blâmer le film pour cette forme de prise de risque de s'éloigner de nos habitudes concernant le personnage, ce qui lui permet d'éviter le sentiment de redite qu'avaient pu procurer les The Amazing Spider-Man (le premier surtout) en leur temps.
Teenage movie assumé, la première partie du film est presque entièrement consacrée au périple de Peter tentant de séduire "MJ" (pour Michelle Jones et non Mary-Jane notons le bien) et sa classe lors de leur voyage scolaire.
Si la relation Peter/MJ fonctionne bien, cette dernière étant plutôt attachante, le périple de la sortie scolaire est entaché par des professeurs dont les gags/répliques/blagues deviennent très vite lourds.
Si l'humour est un point extrêmement sensible au sein du MCU tant il a tendance à beaucoup trop dédramatiser certaines séquences et à déconcerter certains spectateurs, ici il ne fonctionne juste pas-même s'il est très difficile de réellement critiquer l'humour tant il est subjectif et propre à chacun- Quelques séquences font sourire, quelques exceptions (notamment la blague sur AC/DC, meilleure vanne du film) font tout de même le taff.
L'un des principaux atouts de Spider-Man Homecoming était son vilain. Incarné par Michael "Batman" Keaton, le Vautour fut immédiatement propulsé dans les meilleurs vilains du Marvel Cinematic Universe ainsi que ceux du tisseur au côté du magnifique Dr Octopus d'Alfred Molina.
Le défi était donc de taille pour cette suite, qui puise une nouvelle fois dans les vilains iconiques mais jamais adaptés sur grand écran, avec Mysterio incarné par l'excellent Jake Gyllenhaal.
Si ce dernier surjoue quelque peu lors de certaines scènes, le vilain- dont le design est incroyablement réussi- est exactement ce que l'on attendait de lui. (Par contre, Marvel s'il vous plaît, arrêtez avec les masques numériques à base de nano-technologie..)
Les spectateurs qui connaissent ne serait ce qu'un peu le personnage verront sans doute les grosses ficelles et ou le film veut en venir très très vite.
Il est malheureusement fort dommage que les motivations du personnage soient ENCORE une fois rattaché à Tony Stark en plus d'être quelque peu inférieures à celles du Vautour.
Tom Holland de son côté, est toujours aussi sympathique et convaincant en Peter Parker. Si le côté inhérent au personnage à avoir des problèmes sentimentaux et d'adolescent est respecté, il est de dommage de constater que le personnage n'a pas tant évoluer que ça depuis Homecoming: Il est toujours beaucoup trop dépendant de Tony Stark et de son héritage (et de sa technologie), toujours en train de se construire après deux films et demi (d'autant qu'il était déjà en activité avant Civil War) et a tendance à un peu trop fuir les fameuses responsabilités.
Et que dire de son identité "secrète".. Si ces dernières n'ont jamais été réellement secrètes des le premier film du MCU ou Tony Stark balançait face caméra "Je suis Iron Man", il est triste de constater que Peter suit le même chemin.
A ce sujet, pourquoi c'est Tante May qui accompagne Spider-Man sur scène lors de remise de prix ?
Surplace aussi pour ̶G̶a̶n̶k̶e̶ ̶L̶e̶e̶ Ned Leeds et Tante ̶M̶i̶l̶f̶ May dont les scénaristes n'ont pas l'air de savoir quoi en faire au point de la mettre en relation avec le personnage incarné par Jon Favreau depuis le premier Iron Man: Happy Hogan. Et quid de la dernière scène d'Homecoming ou elle découvrait sa double identité ? Jamais abordé.
Si en dehors de la relation Peter/MJ, les personnages n'évoluent pas grandement, pour les scènes d'action, c'est une autre histoire.
Point noir du précédent opus consacré au tisseur, Jon Watts semble s'être retroussé les manches tant celles offertes par Far From Home les survolent-même si on reste très loin de la virtuosité et du savoir faire de Sam Raimi-.
Plus inventifs, plus lisibles, ces dernières rendent justice au monte-en-l'air et son agilité.
La (grosse) palme revenant à une séquence bien particulière (voir deux), aussi incroyable à voir sur grand écran que les séquences psychédéliques de Dr Strange et sans doute propulsée parmi les scènes les plus mémorables du MCU. La séquences du métro aérien de Spider-Man 2 est peut être inégalée (et inégalable), mais Far From Home se dote d'une scène qui pourrait justifier à elle seule l'achat d'un billet.
Côté technique, l'ensemble est propre voir impressionnants en ce qui concerne les Elementals mais on y retrouve malheureusement encore quelques fonds verts qui tâchent si communs au films Marvel Studios. De même, certaines séquences donnent à Spider-Man un côté un peu trop "film animé" voir plus jeu vidéo que le récent jeu PS4 (?!)
Difficile quoi penser de ce Spider-Man Far From Home. Clairement un film de transition entre le rouleau compresseur Endgame et les prochains films du MCU (Marvel a d'ailleurs rarement autant assumé le côté "série TV sur grand écran": entre l'intro dans laquelle on pourrait mettre "Précédemment..." et scène ̶p̶o̶s̶t̶ ̶g̶é̶n̶é̶r̶i̶q̶u̶e̶ finale en cliffhanger..).
Film au montage un poil compressé, à la musique quasi inexistante et sans saveur, aux personnages qui évoluent peu ou pas, qui s'embourbent encore une fois dans l'héritage Stark mais est sauvé par son vilain réussi, son héros attachant et ses scènes d'action réussies.
Si beaucoup de sites vont encore titrer "Meilleur film Spider-Man depuis Spider-Man 2", j'affublerais plutôt Far From Home de "Moins réussis des films Spider-Man depuis The Amazing Spider-Man 2".