Alors que Tom Hardy en est à sa troisième tentative d'autolyse, et que Riz Ahmed n'est toujours pas sorti de la maison de repos où il séjourne, le spectateur pouvait légitimement penser, à la sortie de la salle de cinéma projetant l'immondice Venom, que Sony rimait dorénavant avec sodomie.
Et d'attendre avec beaucoup de méfiance cette deuxième tentative d'exploitation d'un Spider-verse d'ores et déjà orphelin.
Sauf que le miracle a cette fois-ci bel et bien eu lieu. Car Spider-Man : New Generation, c'est un concentré du meilleur de la culture comics qui aurait été portée tel quel à l'écran, en profitant de parti pris tranchés, parfois casse-gueule mais presque toujours justes et pertinents.
La reproduction des pages de comics à l'image, par exemple, même si elle laisse apparaître les points d'impression typiques des années 60 / 70, ravit l'oeil la plupart du temps. Au point que ce n'est que sur quelques plans que l'on peut tiquer, quand le flou est un peu trop prononcé, ou le phénomène de séparation des couleurs un peu abusé.
Mais il faut bien reconnaître que cette direction artistique assez atypique marche du tonnerre, tandis que l'animation, un peu bizarre dans les premières secondes, traduit cependant sur le long terme la jeunesse et l'énergie assez remarquable traversant le film de la manière la plus exaltante qui soit.
Le Spider-verse, lui, accède enfin à la postérité cinéphile en faisant connaître au grand public le Prowler, Tombstone ou encore le Docteur Octopus féminisé. Tandis que le Spider-Man Noir, Spider-Gwen, Peni Parker ou encore Spider-Cochon ont fait littéralement marcher au plafond le masqué, tant il retrouvait à la quasi identique ce qui le fait vibrer dans ses BD Panini.
L'action est sans temps mort, les plans spectaculaires s'enchainent, les relations entre les personnages s'étoffent. Mais Spider-Man : New Generation ne frôle pourtant jamais le trop plein, tout en faisant ressentir, sans s'embarrasser de trop d'artifice, la détresse de Wilson Fisk, le sentiment de perte de l'ensemble de la Spider-team ou encore l'union familiale entourant le petit Miles. Qui suit finalement le même parcours initiatique que le Peter Parker de Sam Raimi, faisant plus d'une fois écho à ses plans les plus iconiques.
Sony réussit donc l'impossible, comme une tentative de s'amender de la sortie de route meurtrière que Venom constituait pour les aficionados. Au point de considérer que l'univers de l'araignée sympa du quartier se trouve revivifié, et qu'il n'a jamais été aussi bien traité et adapté depuis la première trilogie des années 2000.
Seule véritable fausse note de l'ensemble, relative, c'est ce final spectaculaire mais un peu trop infusé dans les couleurs vives psychédéliques qui font quelque peu perdre de vue la topographie générale de la scène.
Mais cela n'affectera qu'à la marge le plaisir procuré, l'énergie déployée et surtout, l'enthousiasme de ce Spider-Man : New Generation et sa réussite imparable.
Une véritable bouffée d'air frais en forme de meilleure façon de tisser.
Behind_the_Mask, qui a pas mal d'araignées au plafond.