Le calendrier de l’avent du consommateur de cinéma est fourré de films pour enfants, comme si le Disney de Noël était passé du moment fort à la tache d’huile, en créant une période de blockbusters familiaux par opposition à ceux de l’été pour ados. Et puisque Marvel va peut-être avoir à gérer la saturation de son public avant la phase IV de son MCU, malgré la bouffée de suspense créée artificiellement par Infinity war, un ramassage scolaire avec une incursion dans l’animation s’imposait. Or l’idole des très jeunes n’est autre que Spider-Man, qui n’en est plus à une réincarnation près, et qui a surtout l’avantage d’avoir connu récemment des variantes populaires. L’idée est donc celle de la chaussette de Noël, car il s’agit de tous les mettre dans le même film, y compris la récente Spider-Gwen qui a remplacé Spider-Girl dans les cœurs d’artichaut, mais ça fait court pour un scénario.
En fait, le but est de viser plusieurs cibles, avec un presque « black costume » parce que tout le monde l’adore et un héros presque black parce qu’il est aussi latino, mais le but est en même temps de rafraîchir tout en faisant le lien avec les Spider-Raimi et en rendant les choses quasi-compatibles avec Homecoming, vu que le vrai Peter Parker est vieilli. En fait, le but est surtout de créer une nouvelle esthétique, presque une synthèse des septième et neuvième arts, avec une animation ralentie qui trouve la voie qu’avait manquée Clone Wars, et l’intégration d’emprunts allant des phylactères des comics aux glitches des jeux vidéo. L’ironie s’y associe comme le fond à la forme ou inversement, en faisant de la prétérition scénaristique mieux qu’un truc pour satisfaire les fans, même si le renvoi en séquence post-générique de Spider-Man 2099 peut être interprété comme la goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase. Le résultat est un étonnant objet pop, avec graffs et électricité mais bien un oncle qui déclenche l’apparition du héros, donc quelque chose de presque neuf et de presque trop riche comme un repas de Saint-Sylvestre, quand tout ce qu’on aime est réuni sur la table en sachant que les lendemains de fête ne sont pas toujours simples.
Pour public averti (et qui ne s’arrête plus à ce français de traduction dans lequel un titre en anglais devient un autre titre en anglais) : Spider-Man: Into the spider-verse (2018) de Bob Persichetti et Peter Ramsey avec Rodney Rothman (où deux ne sont pas réalisateurs et dont un ne travaille pas dans l’animation, ce qui prouve peut-être qu’avoir des idées vaut mieux qu’être à fond sur la technicité), sur un scénario de Phil Lord (qui avait déjà étonné avec son sympathique Cloudy with a chance of meatballs) et une musique de Daniel Pemberton (qui avait déjà réussi son coup avec The man from U.N.C.L.E.)
Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure