Les adaptations du personnage de Peter Parker/Spider-Man, c'est pas ce qui manque dans l'univers cinématographique, surtout en ces temps modernes où les CBM (Comic Book Movies) s'enquillent les uns après les autres. On se rappelle bien évidemment de la trilogie de Sam Raimi, qui a accouché de ce qui est encore à l'heure actuelle du meilleur film de super-héros jamais fait : Spider-Man 2. Même si le troisième épisode est plus bancal, la trilogie reste ultra-solide et une référence en matière de CBM.
Mais comme tout super-héros qui se respecte, le personnage a également connu ses heures sombres. Les films de Marc Webb (quel nom de famille bien pensé), The Amazing Spider-Man 1 & 2, ne tiennent pas la comparaison avec les films de Raimi, et on ne parlera même pas de cette raclure de fond de chiottes qu'est Spider-Man : Homecoming, un espèce d'étron tout droit sorti de l'enfer et le pire de ce que le MCU a à offrir, même si Tom Holland est très sympa dans le rôle.
Donc les adaptations de Peter Parker, à un moment donné, on en a eu assez et on a maintes fois fait le tour de la question. Cette fois, ce Spider-Man : Into The Spider-Verse se concentre sur le personnage de Miles Morales, personnage afro-américain et latino, dans un multivers foisonnant de personnages. Et le film est une véritable bouffée d'air frais dans le paysage super-héroïque.
Ce qui frappe en premier dans ce film, c'est son fantastique univers visuel. Non seulement le film est tiré des comics, mais il embrasse et assume complètement ce côté-là, donnant lieu à des images absolument splendides et collant parfaitement à l'univers proposé. Ça fourmille d'idées à la minute dans les images comme dans la mise en scène, les réalisateurs (qui ont eu, visiblement, liberté totale, ce qui est assez rare chez Sony - ou même chez les grosses prod' actuelles - pour le signaler) laissant fleurir leur imagination et s'éclatant comme jamais. Les images s'imprègnent sur la rétine, comme ce plan Upside Down fantastique de Miles chutant entre les buildings, et bien d'autres encore. Visuellement, c'est beau, et c'est cohérent de bout en bout.
Et si le scénario est un peu prétexte à introduire le spider-verse, force est de constater que les personnages vivent très bien ensemble et sont sans doute le point fort du film. Si le personnage principal est Miles Morales, Peter Parker & Gwen Stacy sont bien présents et ont de la consistance, de l'épaisseur. Portés par un récit raconté à 3000 à l'heure, les personnages évoluent les uns par rapport aux autres, grandissent les uns par rapport aux autres et à travers l'action, renforçant leur caractérisation et donnant un côté organique à l'histoire. Quasiment tout fonctionne : que ce soit les dialogues ou les actions des personnages, tout est mis au service de leur caractérisation, et donc, de l'évolution de l'histoire. Le rythme effréné du récit fait qu'il est quasiment impossible de sentir pointer l'ennui : le spectateur est constamment stimulé par la mise en scène graphique.
Le seul côté négatif du film vient de certains personnages qui ont moins d'épaisseur que ceux cités ci-dessus et qui font moins avancer le récit. J'ai l'impression qu'ils sont là plus pour une note humoristique mais néanmoins, la dynamique de groupe marche du tonnerre, porté par le message de tolérance du film, et ce dernier est très plaisant à regarder. Le film fait tout ce que Spider-Man Homecoming ne fait pas : être bon. (J'aime taper sur Spider-Man Homecoming, désolé)
En bref, Spider-Man : Into The Spider-Verse est une excellente surprise, probablement un des meilleurs films de l'année et la meilleure adaptation de super-héros depuis Spider-Man 2. Contrairement à Marvel, ce film ne fait pas l'erreur de se concentrer uniquement sur Peter Parker, mais montre que tout le monde peut porter le masque. Une grande bouffée d'air frais et une immense réussite.