Ah, les super-héros, ils sont partout. Absolument partout. Marvel nous en sert plusieurs fois par an, et DC suit tant bien que mal la dynamique. Alors que Marvel nous sortait Spider-Man : Homecoming en 2017, avant la suite Far From Home en 2019, voilà qu’un autre Spider-Man apparaît en 2018 ! Vous imaginez ça, deux Spider-Men ? Et pourquoi pas, trois, quatre, une Spider-Woman, et même un Spider-Cochon, tant qu’on y est ? Attendez, on me souffle quelque chose à l’oreillette…
Trêve de plaisanteries. Car ce Spider-Man : New Generation a tous les arguments pour que l’on vienne le prendre au sérieux. Teasé dans la scène post-générique du très très (très) moyen Venom, New Generation a fait sensation à sa sortie. Les avis étaient dithyrambiques : nous tenions la nouvelle pépite du cinéma d’animation, la sensation qui venait faire office de bouquet final de l’année 2018 au cinéma, celui qui allait bouleverser tous les Tops 2018 alors bien établis. Et, comme si cela ne suffisait pas, Spider-Man : New Generation s’est permis de ravir à L’Île aux Chiens et aux Indestructibles 2 (entre autres) le Golden Globe du meilleur film d’animation. Autant dire qu’un réel engouement s’est créé à partir de ce film que l’on n’a pas forcément vu venir. Les semaines s’écoulant et une déprogrammation semblant de plus en plus proche en dépit du triomphe récolté outre-Atlantique, il était important de se faire une idée de ce fameux film dont tout le monde dit tant de bien.
Comme les quelques images du film que l’on a pu voir circuler le montrent, c’est surtout sur l’aspect visuel que Spider-Man : New Generation vient principalement se distinguer. A mi-chemin entre le dessin « traditionnel » et les images de synthèse, Spider-Man : New Generation s’inscrit dans une volonté de bénéficier des moyens technologiques modernes et actuels, tout en conservant des visuels et des codes puisés dans les comics. Pour résumer très grossièrement, c’est une sorte de comics vivant, coloré, très rythmé, mettant beaucoup l’accent sur les visuels et les jeux de couleurs. Sur ce point, le film peut se targuer d’être une réussite, regorgeant de belles idées, jouant avec les illusions d’optique et faisant fi de la gravité pour notre plus grand plaisir. Nos yeux parfois peu coutumiers risquent peut-être de, parfois, être dépassés par le côté explosif du métrage, mais l’adrénaline viendra compenser.
Sur le fond, Spider-Man : New Generation s’avère plus classique et limité, bien que fidèle à sa ligne de conduite. On y retrouve un traitement classique des relations familiales, avec le lien père-fils partiellement rompu à cause du fait que le premier, policier de métier, souhaite que son fils ait une bonne éducation, quand le second ne demande qu’à s’exprimer et à être libre, en dépit d’une intelligence certaine qui lui vaudrait de réussir dans les écoles les plus prestigieuses. Dans ce contexte, l’image du héros prend beaucoup d’importance, car elle sert de guide à l’adolescent, qui est, lui, en quête d’identité. Et si le film s’articule largement autour de l’image de la transmission, à travers l’apprentissage aux côtés de Peter Parker notamment, il cherche également à désacraliser l’image du héros, en considérant que l’héroïsme n’est pas destiné qu’à certains, et n’est pas qu’une affaire de costumes. L’apprentissage s’effectue grâce à la transmission, pour mener à l’accomplissement. Et la gamme de « Spider-Men » qui nous est offerte montre différentes visions du héros, issues de différentes cultures et conceptions, visant à souligner que le costume n’est qu’une question d’esthétique, et ne reste qu’un bout de tissu amorphe sans quelqu’un pour le porter. Finalement, ce n’est pas le costume qui fait la personne, mais la personne qui fait le costume.
On peut donc regretter un scénario aux ficelles visibles, et un antagoniste manquant de consistance et de place (blague à part) dans l’intrigue, cette dernière se concentrant surtout sur le développement du personnage de Miles Morales ainsi que des autres versions de Spider-Man. C’est donc sur le terrain du divertissement que Spider-Man : New Generation excelle, proposant un véritable vent de fraîcheur, grâce à son esthétique très comics qui lui donne beaucoup de pêche et de dynamisme. Le film ne souffre de presque aucun temps mort, s’avérant être un beau spectacle pour petits et grands, et où les fans de l’homme-araignée trouveront sans aucun doute leur compte. Lâchez prise et tentez l’aventure !