All right, let’s do it one last time.
Son nom est Peter Parker, et c’est Spiderman. Vous connaissez l’histoire. Vous connaissez tellement l’histoire, que même lorsque celle-ci change, que Peter Parker meurt, qu’un jeune ado métisse du nom de Miles Morales est mordu par une araignée fluo, que six versions de Spiderman s’unissent pour sauver les univers, on n’est pas franchement surpris. Des histoires de portails dimensionnels, de MacGuffin, et de backstories tragiques. Into the Spider-verse (2018) nous sert une histoire prétexte, et c’est probablement son seul défaut indiscutable.
À part ça, Into the Spider-verse est un film de super-héros vraiment dans l’air du temps. Drôle avec beaucoup de références méta (comme Deadpool), très coloré avec beaucoup d’emphase sur la BO (comme les Guardians of the Galaxy, mais en version hip-hop), par nature un cross-over (comme les Avengers), mieux réalisé qu’écrit, porté sur l’action, feel-good et tous publics (comme la grande majorité du MCU).
Mais s’il y a bien un élément qui retient l’attention dans ce nouveau film, c’est son audace graphique et sa patte artistique diablement réussie. Si au début l’animation saccadée façon stop motion me rebutait quelque peu, elle s’oublie rapidement. Les divers styles se mélangent parfaitement : pop-culture façon Roy Lichtenstein, elle-même inspirée des comics des années 60, manga, cartoon, et même un ou deux plans de live action. Et pour finir, le travail sur la couleur est impressionnant. D’un point de vue de créatif, Sony Pictures Animation a tiré le meilleur parti de la collision des réalités alternatives. La séquence finale est très réussie, l’environnement devenant de plus en plus coloré et de moins en moins construit à mesure que la réalité se désagrège.
Les thèmes abordés sont archi classiques pour les super-héros et Spiderman en particulier : la famille, la persévérance (se relever), la responsabilité du pouvoir… et la responsabilité tout court, i.e. « tout le monde peut être un super-héros ». Avec en prime, le passage de flambeau. Le film ne propose donc rien de fondamentalement novateur, mais ce qui est traité est bien traité. Le personnage de Peter B. Parker (Jake Johnson), version vieillissante et désabusée de Spiderman, est notamment super réussi, à la fois dans sa relation avec Miles Morales, dont il devient le mentor, et dans le reflet que Peter Parker, le Spiderman « parfait », lui renvoie.
Bref, Into the Spider-verse est un bonbon acidulé et pétillant. Il ne marquera pas un tournant dans le genre mais reste un divertissement plus qu’honorable.