Inutile de connaître ou d'apprécier la franchise Saw pour voir Spirale : L'Héritage de Saw. Ne le regardez pas, tout simplement. Ou alors si mais pour aider nos exploitants à faire tourner la boutique. Payez la place et sortez illico. Sinon, attendez qu'il passe à la télé (ou en streaming) et loupez le. En matière de suite, ce neuvième opus réussit la prouesse d'être aussi mauvais voire pire que les 7 précédents.
Imaginer Chris Rock reprendre en main la licence d'horreur, ça interpelait. Quand il s'est avéré que le comédien était également investi à la production et dans l'écriture, on était en droit d'espérer une belle surprise. Au lieu de ça, tous les efforts de Rock semblent mus par une pulsion de mort artistique jusqu'à faire oublier ses derniers bons travaux (Dolemite is my name, Fargo saison 4). Dans ce film, il est lancé dans un numéro indigne de son talent, à base de braillements hystériques, froncements de sourcils et plissements des yeux. Assurément, sa plus mauvaise prestation au cinéma. Après lui, le déluge ? Pas loin, entre Samuel L. Jackson en roue libre, Max Minghella aux portes du coma et une Marisol Nichols désabusée, aucun ne réussit à compenser le naufrage au premier plan. Car il ne se limite pas au jeu épouvantable de son héros. Saw n'a jamais brillé par la qualité de ses scénarii, soyons honnêtes. Sauf qu'ici, l'histoire est continuellement stupide et même le sous-texte sur les violences policières a tout du prétexte indolent vu ce qui en est fait.
De retour à la franchise Saw après avoir signé les douloureux épisodes 2, 3 et 4, Darren Lynn Bousman a conservé les mêmes tics agaçants et semble s'être donné pour consigne de rendre hommage aux plus mauvais slashers. Comme de juste, la mise en scène est ringarde, avec ses accélérés moches, flashes du passé désuets, des effets sonores risibles, un montage imbitable et une photographie obscène. Spirale est d'une indigence cinégénique presque fascinante, à se demander où sont passés les 20 millions de dollars de budget. Pas dans les décors, vu la pauvreté de la chose (un bureau, un hangar vide, un appartement à peine meublé et un couloir). Ni dans les accessoires; comme en témoignent plusieurs flashbacks limite parodiques à coups de fausses moustaches et de casquettes à l'envers. Ni même sur le terrain du gore, le film s'échinant à radoter les sévices vus et revus dans les précédents.
Dans un bon jour, on peut se contenter d'en rire (quelle marrade, il faut dire) et passer à autre chose. Par contre, si la journée était difficile, les 90 minutes perdues devant Spirale : L'Héritage de Saw seront aussi pénibles pour les yeux que les oreilles. Sans parler de l'estime envers Chris Rock. Sachez ce que vous risquez avant de vous y plonger.