Autant être en état de plein éveil pour appréhender "Spiritwalker" le bien nommé, tant le rythme propre au personnage nous fait sauter d’un visage à l’autre, d’abord par un reflet dans une vitre, un miroir, puis plus abruptement, le réalisateur jouant habilement avec les différents physiques que revêtira le personnage principal. Des surfaces réfléchissantes, il y en a tellement dans ces décors décadents, ces passages sombres de marchés couverts, ces souterrains crasseux et ces entreprises ambigües qui ont toutes des double-tiroir. Tous ces espace-temps se fracassent d’un plan à l’autre, laissant personnage et spectateur souvent sonnés. Séoul est filmée dans tous ses aspects, de la rutilance des lumières et des néons la nuit aux quatre-voies saturées et aux lieux impersonnels le jour sous une lumière souvent crue, à quoi il faut ajouter une volonté de donner une dimension géographique à la ville. L’’utilisation des plans circulaires est judicieuse, car le personnage est bien réellement perdu, confus, obligé d’avancer dans quelque chose qu’il va comprendre, petit à petit... "Tout le monde est bizarre, ces derniers temps", dira un personnage, à un moment… La première fois qu’une chambre d’hôtel de luxe se transforme… en tout autre chose, on accompagne le vertige du personnage… Puis au fil du temps, le postulat s’impose mais il faut quand même s’accrocher afin de ne pas perdre le fil ténu de ce que l’on a saisi, et c’est l’indéniable réussite du film, de savoir tenir jusqu’à la fin. Le film se conclue sur une scène d’une ultra violence inouïe, qui semble libérer toutes les veines du film de son mauvais sang et autres substances violettes. Mise en scène efficace, jeu des acteurs parfait (mention spéciale à l’acteur principal), une musique accompagnatrice sans en faire des tonnes, une belle surprise qui aurait méritée une sortie en salles !