Quand Vincenzo Natali a sorti sa bombe Cube en 1997 la révélation a été immédiate. Un nouveau réalisateur/scénariste de talent était né.
Peu sont les réalisateurs qui peuvent se vanter d'avoir réalisé un film de qualité, pas cheap pour un sous, qui plus est avec de bons acteurs et ce pour seulement 350.000$, on est loin des budgets colossaux employés dans les films pseudo-fantastiques actuels qui ne sont en réalité que du tape à l'oeil dénué de toute réflexion.
Il enchaîna ensuite en 2002 avec le troublant Cypher, cette fois ci dans un genre bien plus action/thriller/science-fiction, et avec un budget — légèrement — plus important (7,5millions de $) et connut encore une fois le succès critique et au box-office. D'ailleurs il n'attendit pas très longtemps pour sortir son nouveau film, en 2003, Nothing, encore une petite production canadienne, mais contrairement à ses deux premiers films est une comédie, même si le synopsis est clairement orienté fantastique.
Et ensuite plus rien, un silence qui aura duré 6 ans jusqu'à la présentation de Splice à divers festivals, notamment ceux de Sitges et de Sundance, et la réception du public et des jurys furent telles qu'une guerre pour l'achat du film commença entre Apparition, The Weinstein Company, Newmarket Films, First Look Studios, Samuel Goldwyn Films, mais ce fut finalement Dark Castle Entertainment qui eu le dernier mot début 2010. La machine fut immédiatement lancée à coups de trailers et des fake-websites, histoire de nous titiller bien comme y faut et augmenter la curiosité.
Bref jamais un film de Natali n'aura autant été buzzé et mis en avant, et au moins l'héroïne ne ressemble pas à une girafe bleue...
Niveau casting tout le monde sera aux anges en voyant Adrien Brody (Oxygen, Le Pianiste, et également cet été à l'affiche de Predators), la remarquable Sarah Polley, qui malgré une carrière d'actrice discrète (Go, L'armée des morts), a su se faire remarquer à la réalisation/scénarisation en 2006 avec une nomination aux oscars pour son film Loin d'elle, l'inévitable David Hewlett, présent dans tous les films de Natali, et pour finir Delphine Chanéac (Marjorie, la fille qui pète au lit dans Brice de Nice), qui offre une interprétation criante de vérité, comme si elle interprétait son propre rôle de mutante à usage unique qui sera renvoyée juste après dans les productions merdiques d'M6 (dont la suite de L'Amour Vache, et un nouveau, Demain je me marie).
Aussi fascinant qu'effrayant, Splice raconte l'histoire d'un couple de scientifiques spécialisés dans les manipulations génétiques pour le compte d'une grosse société pharmaceutique, N.E.R.D. (Nucleic Exchange Research Development), qui ont réussi à combiner l'ADN de plusieurs espèces pour en créer une nouvelle qui sert à la production de protéines. Seulement il suffirait d'y ajouter celui d'un être humain pour que la protéine soit beaucoup plus productive, ce qui leur sera tout de suite interdit par les hautes instances, trop de problèmes d'éthique rentrant en considération, le clonage humain étant toujours interdit. On en viendrait presque à se demander si les scientifiques ne sont pas calqués à chaque fois sur des enfants, vous leurs dites de ne pas faire quelque chose et ils le font quand même, et même quand les choses leurs échappent, plutôt que d'avouer leur bêtise et tout arrêter ils continuent inlassablement jusqu'à ce qu'il n'y ai plus du tout de retour possible.
Respectueux de l'héritage laissé par Cronenberg, Natali s'en donne à coeur-joie dans le massacre de toute forme de morale et nous fait revivre les moments de frissons et d'effroi que nous avions pu ressentir il y a 30 ans avec Chromosome 3, et va même jusqu'à nous imposer du Complexe d'Œdipe, agréablement dérangeant avec son père et violemment effrayant avec sa mère. On a même pitié de cette hideuse beauté jusqu'à la fin du film, tout comme on avait pu en ressentir pour Brundle-Mouche, le fait qu'elle soit muette et s'exprimant en couinant et glapissant comme un lapin en rajoutant beaucoup à son côté — en apparence — fragile, mais contrairement à ce dernier Dren nourrie des espoirs de vie humaine, tout comme le voulait un certain Pinocchio, création vivante mais indéfinie.
Indéniablement le revival de la manipulation génétique comme on n'en avait pas vu depuis une vingtaine d'années, dans lequel le beau se mélange avec l'ignoble et le sensuel avec le douloureux, comme si en plus de jouer avec la science Natali s'amusait avec nos sentiments et perceptions.
A, évidemment, ne pas laisser entre toutes les mains...
SlashersHouse
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le 12 oct. 2010

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