Après 10 ans d'attente pour ce fameux projet, le réalisateur de Cube nous livre un film sur la génétique. Un film ou on ignore tout du légal ou de l'éthique, revisitant le coté sombre de la génétique. A première vue, on dirait un film tout droit sorti de l'imagination de Cronenberg.
Mais au lieu des terribles clichés qu'incombe la génétique, on trouve là un film bien pensé, axé sur l'évolution de cet être nouvellement créé.
Clive, Elsa et Dren vont commencer à former un étrange triangle familial. La créature, qui malgré son apparence, parviendra à nous émouvoir de par son humanité. On découvrira dans ses yeux, en même temps que ses « parents », l'innocence d'un nouveau né, et sa frustration grandissante à ne pas pouvoir s'épanouir dans ce monde. Clive et Elsa visiteront toute une palette d'émotion, de l'émerveillement à l'inquiétude, pour peu à peu révéler leur propre malaise. On découvrira avec eux trois des moments marquant de la vie : le désir d'enfant que peut avoir un couple infertile, la recherche d'une identité sexuelle, la culpabilité que peuvent entraîner nos actes, déplaçant constamment la limite de la morale,...
La créature n'est que prétexte. Un reflet des mauvaises ondes ambiantes qui dévoile la fragilité de ce couple. Dren pose des questions auxquelles on ne peut pas répondre, elle sème le trouble tout en restant étonnamment fascinante.
Les effets spéciaux sont intégrés à la psychologie et à la démence ambiante. Les pistes se multiplient, et attirent le spectateur dans une dimension réellement dérangeante. On découvre l'irrationalité des sentiments humains, en même temps que Clive et Elsa, eux même piégé par leur propre morale qui n'est pas aussi extensible qu'il le croyait.
La grande force du film est de nous interroger sur les différentes attentions possibles que l'on acceptera d'apporter à quelque chose que l'on aurait chassé du pied aux premiers abords.
Malgré l'apparente ressemble avec l'œuvre de Cronenberg, ici les deux scientifiques ont bien choisit de faire cette expérience, et ce seront avec leurs actes qui traiteront directement. C'est grâce à ce fait, et à tout ce qui en découle, que le film apporte une véritable originalité.
Malheureusement, la fin prend des tournures de mauvais film d'horreur. Comme si Vincenzo Natali avait bâclé le film, juste au moment ou le spectateur commence à perdre pied dans sa propre éthique, le scénariste amène Clive et Elsa à ne plus choisir. Même le twist final n'est pas si bien réussis, il tranche net avec les hypothèses de morale si bien formulées tout au long du film, qui était jusque là toujours incertaines.