Revenu d'entre les morts après de piètres grosses productions, Shyamalan remonte à la source de son savoir-faire par l'auto-financement et nous livre Split, un thriller mystérieux, poisseux et plus dense qu'il n'en a l'air. Avec un petit budget de 9 millions de dollars, le cinéaste parvient à prouver comme jamais son inventivité formelle toujours sous le signe hitchcockien : motif de la symétrie, travellings, vues subjectives ou zénithales, jeux de hors-champ... Avec le chef opérateur d'It Follows, Mike Gioulakis, l'objet est une merveille. Dans le fond, le pitch alléchant vendait un film en huis-clos oppressant, plein de mystères - dommage que Shyamalan ne l'assume pas complètement, n'évitant pas le didactisme avec le point de vue régulier du docteur en charge de Kevin et de ses 23 personnalités. Appuyés de plusieurs flash-backs prosternés devant les êtres brisés, le film nous offre finalement un kaléidoscope un brin maladroit, mais brique d'un grand mur dans l'ombre : car derrière l'absence de twist significatif se révèle une oeuvre à retournement, grande et belle promesse. L'atout majeur est évidemment James McAvoy, aussi drôle qu'effrayant, fort d'improvisations où chaque facette a son petit détail physique qui fait mouche. Dessin scindé d'un esprit labyrinthe, Split est la somptueuse esquisse d'une fenêtre ouverte que l'on ne demande qu'à traverser.
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