Dennis, Patricia, Barry, Kevin, Jade et caetera

En 2015, on m'avait fait croire que M. Night Shyamalan était de retour à son meilleur niveau avec The Visit. Ce fût une nouvelle désillusion. Puis, deux ans plus tard, Split sort sur nos écrans avec James McAvoy en tête d'affiche. Tel le phœnix. le réalisateur renaît un peu de ses cendres et va nous offrir un passionnant thriller psychologique.


C'est la fin de la fête d'anniversaire de la jeune Claire (Haley Lu Richardson). Il ne reste plus que son amie Marcia (Jessica Sula) et l’asociale Casey (Anya Taylor-Joy), une invitée non désirée. Le père de Claire (Neal Huff) doit ramener son amie, mais se propose de prendre aussi Casey, malgré la désapprobation de sa fille. Cette bonne action, va avoir pour conséquence de jeter ces trois jeunes filles dans la gueule de la bête (James McAvoy).


Après ses nombreux échecs commerciaux, mais aussi artistique. M. Night Shyamalan a décidé de s'associer avec Jason Blum, le directeur de la société de production Blumhouse spécialisée dans les films de genres à petits budgets. Le succès de The Visit a consolidé cette union et c'est avec une totale liberté que le réalisateur a pu s'investir dans son nouveau projet. Grâce à un budget modeste de 9M$, il peut se concentrer sur l'essentiel en évitant l'abus d'effets spéciaux susceptibles de desservir l'histoire. Encore fallait-il qu'il écrive un scénario captivant, en évitant de se reposer sur une seule bonne idée se dévoilant souvent dans un twist final. C'est ce qu'il va réussir à faire en nous invitant dans les méandres de l'esprit de Kevin, souffrant de trouble dissociatif de la personnalité. Sa meilleure idée ne se trouve pourtant pas dans le reflet de sa caméra, ni dans les lignes de son intrigue, mais dans le choix de donner le premier rôle à James McAvoy et de le confronter à la révélation de The Witch, Anya Taylor-Joy.


C'est un film sous-tension. Elle est générée par la monstrueuse performance de James McAvoy et les murs ou sont enfermées les trois jeunes femmes. On ne sait rien de cet homme, ni de ses proies, du lieu de détention et de ses intentions. On se doute bien qu'il ne les a pas kidnappé et enfermé par pure bonté d'esprit. Il y a une raison et un but, mais en attendant, on va découvrir les différentes personnalités cohabitant dans son cerveau. C'est ce qui rend passionnant le film, ne pas savoir face à lequel d'entre eux on va se retrouver. On va faire leurs rencontres, tout comme ses captives et la psychiatre Karen Fletcher (Betty Buckley). Les face à face avec cette dernière nous permette de mieux cerner cet homme. En parallèle, on est aussi plongé dans le passé de Casey.


M. Night Shyamalan nous balade de l'enfance au monde des adultes avec comme point commun, le monstre dans le placard. Il nous conte une sombre fable. Le malaise se fait parfois ressentir, sans qu'il nous en montre la raison. On a pas besoin de voir, on comprend et notre imaginaire et souvent plus violent que les images. Le film est aussi nerveux, constamment sur le fil du rasoir et semblant basculer à tout moment dans le ridicule. En insufflant une dose d'humour noir, il tient le film hors de la folie destructrice des 23 personnalités assisent dans l'ombre du crâne de l'un deux, mais lequel? Puis qui est cette bête, dont il nous annonce constamment l'arrivée. C'est la faiblesse du film, tout comme sa longueur. Son côté fantastique est moins emballant que le thriller en huis-clos. La fin va un peu calmer les esprits et prendre une surprenante direction, nous renvoyant à un souhait qu'on attendait plus depuis des années de la part du réalisateur.


C'est depuis Incassable que M. Night Shyamalan ne m'avait plus séduit, une éternité. Est-ce le renouveau d'un réalisateur enchaînant les œuvres navrantes : La jeune fille de l'eau, Le dernier maître de l'air et After Earth, ou juste un éclair de presque génie avant sa fin annoncée depuis des années. L'avenir nous donnera la réponse. En attendant, n'hésitez pas à vous plonger dans l'esprit tordu de ce personnage hors-norme.

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le 24 févr. 2017

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Laurent Doe

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