Après de grands succès à la fin des 90s et au début des années 2000 et une traversée du désert, Shyamalan revient en trombe avec Split. Le réalisateur, réputé pour ses thrillers penchant vers le fantastique et la science-fiction s’attaque ici à un défi de taille : Comment raconter l’histoire d’un homme ayant 23 personnalités très différentes, sans partir dans tous les sens ?
Split est un film épineux qu’il est très facile de détester, à moins de se résoudre à lui accorder une chance de s’exprimer et de dévoiler ses atouts. Tout d’abord, pour l’ambition qu’il affiche, le film prend des risques, puisque mettre en avant la multitude de personnalités qui habitent le personnages principal nous fait forcément espérer (ou craindre) un résultat inédit. Et pour cela, nous tenons un premier facteur de déception, puisque toutes les personnalités de Kevin ne sont ici pas exposées. Un choix probablement mesuré et raisonnable permettant finalement de ne pas trop perdre le spectateur. Il est vrai que l’on peut rapidement trouver des défauts à Split, notamment par le fait qu’il semble relativement rationnel et plausible au début, pour peu à peu dériver vers un aspect plus fantastique et irréel. Nous conviendrons, cependant, qu’il s’agit d’une des caractéristiques du cinéma de Shyamalan, qui nous l’a déjà prouvé par le passé.
Cependant, bien que je reconnaisse volontiers quelques folies de sa part, le film a su me séduire par sa thématique que je juge, elle, réaliste et, somme toute, relativement bien traitée. Il ne s’agit pas ici pour Shyamalan ne se contenter de parler du dédoublement de la personnalité, mais bien de réaliser à sa manière un essai sur la psyché humaine, une psychanalyse traitant de la « bête » sommeillant en chacun de nous et la capacité du monde extérieur à la réveiller ou non. On peut, en effet, à plusieurs reprises, se dire que le film s’égare et part en live, mais la clé est surtout de voir la représentation fantastique d’un phénomène psychologique plus qu’un traité sur le dédoublement de la personnalité.
James McAvoy parvient à tenir la route dans ce rôle complexe (ou devrais-je plutôt parler au pluriel ?), et on sent qu’il s’est amusé à l’incarner. De son côté, Shyamalan fait de nouveau du suspense son arme, tout en y ajoutant une touche d’horreur, offrant quelques moments de tension bienvenus. Split ne révolutionne pas le genre, et ne défraie pas spécialement la chronique. Cependant, il parvient à bien mettre en lumière son sujet, tout en étant fidèle à son point de vue et en l’assumant. Dès lors, j’estime qu’il a réussi sa mission.