Inspiré de l’histoire de Billy Milligan, tristement célèbre kidnappeur et violeur des années 70, et surtout souffrant de personnalités multiples, Night Shyamalan nous embarque dans une singulière aventure psychologique, à la physiologie défiant authentiquement bien des lois médicales, dans le royaume intime d’un délinquant « multiple », à la fois lourdement handicapé et esprit brillantissime, résultant de l’adaptation de sa douleur et de sa solitude, puis des imbroglios par lui-même provoqués.
L’aventure démarre par le kidnapping de trois adolescentes, mais progresse surtout par la prise de conscience de cette psychose, son élaboration, ses expressions sociales, ses conséquences comportementales, y compris la souffrance et l’adaptation toujours plus graves de la victime. Car si ses 23 personnalités existantes sont relativement inoffensives, elles sont sur le point d’accoucher d’une 24ème bien plus bestiale, comme le révèle la succession de dialogues et de situations l’opposant chaque jour à deux autres esprits brillants. L’un étant sa psychanalyste, et l’autre l’une des jeunes filles séquestrées, qui dans sa sagacité, redoutablement aiguisée par son propre drame intime, saura la mieux gérer la délicate situation.
Si plaisir, angoisse et jonglerie mentale habillent ce film, on peut lui reprocher une certaine lourdeur, trop de flashes-back, de suggestions sans véritable action, de pointillés révélateurs des deux lourds passés, et des suspenses qui s’éternisent sans jamais éclore.