Oui, j'ai voulu me moquer de 50 Nuances de l'Arnaque avec le titre de ma critique. Je sais que c'est tirer sur l'ambulance mais tant pis. Bonjour et bienvenu dans le Shyamalan de 2017. Le réalisateur qui a eu des hauts, une chute vertigineuse et un retour inespéré en 2015 (pas si incroyable que ça mais quand même appréciable) revient avec un film d'horreur avec James Mc Avoy avec sa coiffure post-X-Men : Apocalypse dans un film sur la schizophrénie. M.Night Shryamalan revient sur le drame horrifique porté par l'actuel Professeur X et avec des inconnus aux casting. Donc après avoir étonné tout le monde avec le found-footage, est-ce que le thriller au sens propre lui a réussi ? Oui en partie.
Retour au source évident avec moins de suggestions
C'est un peu la force et la faiblesse du film. Globalement, la narration est un retour aux fondamentaux pour Shyamalan. Une réalisation qu'on n'a plus vu depuis Incassable. Cela dit, on sent qu'il tente quand même de nouvelles choses comme les gros plans au visage, les flash-backs continues (alors que dans les précédents films ils étaient peu nombreux) et une bonne exploitation de la psyché des personnages à travers la réalisation. On en perd beaucoup en suggestion mais ça passe plutôt bien. Mais le faite qu'il ne le laisse plus trop suggérer me fait poser des questions sur ce qui caractérisait son cinéma. Cela dit, il y a quand même des tics de langage; moins de manière visuelle, mais plus de l'ambiance dont le plus évident sont le caméo de notre réal préféré et le twist ending (on va en reparler). Sinon, c'est vraiment bien filmé et la mise en scène utilise bien le passage de personnalité, L'aspect aussi sombre du métrage fonctionne bien et donne un aspect thriller comme il le maîtrise. Et c'est un peu là le fond du problème, c'est un retour au source certes, mais ça ne diffère pas trop de ce qu'il avait l'habitude de faire. Cela dit, le film se démarque par ses personnages.
James Mc Avoy en menace
Kevin (James Mc Avoy) est le "méchant" du film. Il possède un trouble de la personnalité multiple à cause d'un traumatisme d'enfance (merci flash-back). Si le vrai Kevin est vraiment quelqu'un d'équilibré, les autres personnalités sont Barry l'artiste, Denis le psychopathe, Patricia la figure féminine et Edwig l'enfant qui ne veut pas grandir (avec son swing). James Mc Avoy est vraiment incroyable dans son jeu d'acteur. Surtout que c'est la première fois que je le vois en psychopathe et il est très convaincant (on l'a déjà vu en anti-héro dans Ordure !). Surtout, à certains moment, c'est un personnage qu'on arrive pas à détester et forme un bon antagoniste.
Casey Cooke (Anya Taylor-Joy et Izzie Coffey) est l'héroïne du film et la seule à avoir un background et un développement. C'est la figure de la marginale qui veut essayer d'amadouer Kevin et ses multiples personnalités (en particulier Edwig). Spoiler, elle y arrive plus ou moins. C'est bizarre mais chaque fois que je vois son visage elle me rappelle Laura du film Logan (en plus âgée). Elle est plus posée et réfléchie avant d'agir. Le film nous permet de connaître un peu son passé. Mais on va y revenir.
Karen Fletcher (Betty Buckley) est la psychiatre personnelle de Kevin et évidemment une figure maternelle. Le relation est assez proche surtout entre elle et Barry. Comme toutes les mères elle a su d'amblé que quelque chose n'allait pas avec lui et va tout faire pour le comprendre et découvrir ce qu'il cache.
Marcia et Claire (Jessica Sula & Haley Lu Richardson) sont (et le film ne cache même pas) la faire-valoir et la populaire du lycée dans cette ordre. Oui, des clichées d'ado. Encore que dans le film cela fait sens afin de renforcer le caractère exceptionnel de Casey. Des personnages pas détestables mais qui vont tenter de trouver des solutions évidentes, mais qui vont se planter avec châtiments à la clef.
Autre personnage qui aurait pu être anecdotique mais qui se révèle important, John, l'oncle de Casey (Brad William Henke, Tony de Dexter). C'est un peu le fardeau de Casey car il se révèle être un oncle qui semble avoir abusé d'elle dans les flash-back et qui est son tuteur légal. Ce qui fait que Casey a beaucoup en commun avec Kevin au niveau des traumatismes.
Au niveau des personnages on a le caméo habituel de Shyamalan qui est sympatique (Shyamalan est toujours sympa dans ses caméos) et le twist dont on va reparler
Dawn of Horror ?
Au niveau de l'histoire, on a ça : 3 adolescentes, un schizophrène...que va-t-il se passer ? Au delà du pitch de départ simple, l'histoire est bien menée et exploite beaucoup les personnages principaux. Les personnalités sont très identifiables et bien exploitées et même si on nous promet 23, le fait d'avoir limité à quelques uns est quand même plutôt pas mal et chacun est bien interprété. Les personnages de Casey et de la psychiatre sont aussi bien exploités dans le récit et on sent bien que les autres sont vraiment mis de coté. De plus, je trouve que pas mal d'éléments sont bien amenés et la 24e personnalité est vraiment effrayante. Cependant, j'éprouve quand même 2 grosses déceptions au sujet du dénouement.
Premièrement, si au final tout est bien qui finit bien, il est dommage que l'histoire ne conclue pas l'arc Casey; je veux dire qu'on ne sait plus à la fin ce qui va advenir du personnage et comment elle va gérer les événements. Ce qui me permet de spoiler le twist final, la présence de David Dunn joué par Bruce Willis du film Incassable ! En d'autre terme, le film se déroule dans le même univers que l'un des meilleur film de super-héro des années 2000 ! En clair, il est possible que Shyamalan résoudra les événements dans un Incassable 2 (d'ailleurs c'était un fantasme depuis un moment) et confrontera les 2 personnages.
Du coup, je me pose des questions sur la nécessité du dénouement. Je ne dis pas qu'il est mauvais en soit car c'est le même genre de dénouement que dans The Visit, sauf je trouve que ça laisse un gout d'inachevé comme le Dernier Maître de l'Air. C'est un peu dommage même si sur le coup j'ai été vraiment hypé.
Bon film d'horreur qui se tient
Split est globalement un film d'horreur bien mené avec un James Mc Avoy qui crève l'écran et une héroïne vraiment intéressante. Le problème que j'ai eu est qu'on a un Shyamalan qui tient la route à défaut de se réinventer en tant qu'auteur (il est le scénariste principal) et qui semble être influencé par les tendances commerciaux du moment (les univers étendus). J'ignore comment sera son prochain projet mais je demande à voir.
Version avec des images dessinées de Kevin ici