Réalisé de manière classique, monté proprement, joué correctement (sauf Mark Ruffalo qui cabotine et fait toujours la même chose), le film instaure, également à travers sa musique, un climat tranquille pour nous décrire le plus précisément possible l'enquête d'un groupe de journalistes. Et le point fort du film c'est justement de s'attacher à ces journalistes. Pas à leur famille, pas à ce que pense leurs proches, pas au pathos entourant habituellement ce genre de films ou l'émotionnel américain vient s'épandre et se répandre. Ici on a plus à faire à un style à la Sidney Lumet, sans que l'élève ne dépasse le maître. Il y a parfois une scène qui filme des enfants mais cela est fait brièvement et avec pudeur.
Au delà des aspects artistique et technique, il est important qu'un film comme celui-ci soit réalisé et distribué car les affaires de pédophilie vont être la prochaine histoire à défrayer la chronique. Pour une raison simple : il est difficile de croire qu'il n'y ait que les prêtes qui soient enclins à ce genre d'actions. Toute religion, au sens large, qui demande à une partie de ses représentants de faire vœux d'abstinence, s'exposent à produire des gens qui ne pourront résister à la fameuse tentation et même d'aller au delà comme cela est bien expliqué dans Spotlight. A savoir qu'à partir du moment où on couvre un acte qui est normal pour le reste de la société, les rapports sexuels consentants, on peut finir par couvrir un acte qui ne l'est pas, l'abus sexuel. En clair, si on veut couvrir quelqu'un qui brise son vœu de célibat, il faut donc, en tant qu'institution, couvrir celui qui va encore plus loin. Trop loin.
Au fond il faudrait aussi des films sur le même thèmes sur les politiques et le milieu de la mode, car dans la réalité le scandale boue, et aussi sur le milieu d'Hollywood. Mais on peut estimer que pour le moment, aucun studio ne souhaite se tirer un balle dans le pied. A moins que comme dans le film, les media ne réussissent à rendre public des faits inavouables …