Cela fait longtemps que je n'ai pas vu un film d'enquête et d'investigation. Si pour moi le maître étalon reste plus ou moins JFK d'Oliver Stone, j'en ai rarement vu qui ne soit pas confondu avec les enquêtes policières. Tirée d'une histoire vraie , Spotlight entre allègrement dans cette catégorie et ce film est comme je m'y attendais. Très bon sur la forme et orienté sur le fond. Bref, un piège inévitable, surtout que le parti pris du film est de se focaliser sur l'unité Spotlight. Donc orientation prévisible.



Réalisation classique mais efficace



Je ne connais pas le travail du réalisateur qui n'est autre que Thomas Mc Carty. Et au niveau de la réalisation, on reste sur du standard tout le long. La musique d'Howard Shore qui est pour moi l'un des meilleurs compositeurs de musique de film au monde est toujours aussi efficace. Cela dit, standard ne veut pas dire monotone. C'est même ici classe et immersif. Mieux encore, on arrive à bien suivre les différents protagonistes sans que se soit fouillis, un peu comme un bon film choral. J'ai un peu de réserve sur l'utilisation du personnage de Marty Baron qui me semble un peu trop en marge du reste de l'équipe mais bon ses quelques scènes sont quand même marquantes. Cela dit, le réalisateur sait quand même capter les émotions des personnages et le professionnalisme de chacun d'entre eux. Ce qui est bien. Et là on va s’intéresser au casting qui nous a réservé des surprises.



Spotlight enquête spéciale



Mark Ruffalo joue le rôle de Michael Rezendes, un rôle qui devait à l'origine échoir à Matt Damon. Bon on a échangé un acteur charismatique contre un acteur charismatique donc il y a pas mort d'homme. Il joue le rôle d'un journaliste très passionné qui enquête plus dans la partie où il doit trouver des preuves accablantes contre l'Eglise catholique de Boston d'avoir étouffer l'affaire des prêtres impliqués dans les affaires de pédophilie. Il a l'air d'être le plus engagé de l'équipe de journalistes qui enquêtent sur l'affaire et celui qui prend l'affaire le plus à cœur. Il faut reconnaître Mark Ruffalo est un sacré habitué des personnages émotifs (et je ne parle pas que de Hulk).


Sacha Pfeiffer est jouée par Rachel Mc Adams (<3 <3 <3) et aurait du être jouée par Helen Hunt (on échangé une blonde contre une blonde en gros). Elle joue une journaliste assez posée et détachée. C'est aussi l'une des rares à avoir un background montré (surtout sa grand-mère) et qui montre malgré son aspect détaché une réelle empathie (ce qui est un peu dommage car c'est le seul personnage féminin de l'équipe).


Walter Robinson (Michael Keaton) est le chef d'équipe à qui on lui a confié cette affaire. Il joue aussi le rôle de journaliste assez souvent en train de composer entre sa déontologie mais aussi les limites du 4e pouvoir à cause des raisons politiques. Il est une personne assez forte auquel il croit en la vérité et est aussi assez mesuré. Il croit au pourvoir du journalisme même s'il doit faire des choix assez radicaux et objectifs.


Sans compté qu'il est plus ou moins hanté à cause du fait qu'il a du passé une affaire similaire au second plan il y a des années au moment de son entrée au Boston Globe


Marty Baron (Liev Schreiber) est le nouveau rédacteur en chef du Globe. Dès le départ, il fait preuve d'une figure d'autorité incroyable détaché et ...on le voit peu dans le film. Mais cela va avec son aspect détaché et presque intransigeant. Et bizarrement, il donne vraiment carte blanche à l'équipe et peu de personnes ne remettent en cause ses décisions.


Ben Bradlee (John Slattery des Mad Men) est vraiment bien en tant que second. C'est un assez bon contre-pouvoir à Walter


Et enfin on a Matty Carroll (Brian d'Arcy James) est un journaliste assez en retrait mais dont on sait qu'il a peur pour ses enfants au sujet de l'affaire qu'il traite. Il est conscient de la bombe qu'ils vont poser dans le journal et investi beaucoup de sa personne.


Et là je vais balancer un point scénaristique qui a son importance


Tous les personnages sont catholiques qui sont devenus non pratiquants à l'exception Marty Baron qui est de confession juive.


J'ignore si c'était voulu ou non mais je trouve que ce point est assez fort afin de souligner la neutralité de l'équipe. C'est un peu dommage que ce point ne soit pas plus développé que ça mais bons.


En dehors de l'équipe, on a Mitchell Garabedian (Stanley Tucci) qui est un avocat qui a été affecté aux affaires de pédophilies. C'est un personnage souvent lié avec Michael, il est un soutien un peu externe et intervient beaucoup afin d'aider l'équipe dans cette affaire.


Sinon, le reste est assez secondaire mais quand même marquant comme Stephen Kurkjian.



Le 4e pouvoir à l'oeuvre



Aussi étonnant, ce genre de film n'a pas défrayé la chronique comme beaucoup de films qui vise le catholicisme ou l'institution (Comme Da Vinci Code). Ce film au niveau de l'histoire ne se concentre que sur l'enquête sans s'en écarter en inventant une histoire d'amour ronron et évite les gimmicks comme les doutes des membres de l'équipe et la remise en cause. Car ici l'important n'est pas tant l'affaire ou les personnages, mais le journalisme dans le sens très large. Qu'est-ce qui est important, la vérité ou le fait de publier un article à sensation, est-ce que l'affaire mérite d'être publiée ? A quel moment le faire, quels seront les conséquences ? Toutes ses questions sont bien retranscrites dans le film. Le caractère très neutre des protagonistes malgré le fait que certaine de leur conviction vacille


Surtout pour Michael qui avait bon espoir de redevenir pratiquant ou Sacha qui vit avec une grand mère fervente


est vraiment bien préservé. Mais l'important aussi, ce sont leur interlocuteurs


On a des familles entières qui sont ébranlées à cause des affaires de pédophilie, entre dénis pour certains, refus d'affronter le passé pour d'autres voir assumer et faire justice, un avocat qui a œuvré pour étouffer l'affaire etc


chacun à leur manière apporte un regard différent et meurtrie sur l'affaire. Toutefois, le parti pris narratif. En effet, fatalement, la narration à l'air de diaboliser l'Eglise de Boston de faire qu'ils sont les grands méchants. En dehors toute considération personnelle, même s'ils sont visiblement dans l'erreur, les présenter ainsi accentue le caractère très orienté du message. Curieux et assez couillu de la part du réalisateur. On a eu que 2 interactions directes avec le clergé et la principale n'est autre qu'avec le cardinal Bernard Law (Len Cariou) et qu'au début du film. Le reste du temps, pas d'interaction se qui accentue le caractère un peu diabolisant. Et un film qui prend ce genre de parti culotté est assez plaisant à voir ...mais fait perdre en nuance.



Vers l'Oscar ?



Ce film est très bien fait et informatif. Passionnant pour son thème et ses personnages bien interprétés. Sans qu'il soit entièrement un brûlot, il contribue à mettre en lumière une affaire qui a retenti comme une bombe au moment même où l'Amérique pensait ses plaids après le 11 septembre. Sérieux 290 dans une même ville...wow. Aura-t-il l'oscar ? On verra le 28 février prochain !


Version fun de la critique ici

Créée

le 4 févr. 2016

Critique lue 447 fois

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Neo Cosmic

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