Aujourd'hui encore, je suis incapable de justifier correctement ma note, ni même me décider sur laquelle mettre, tellement ce film est troublant...

Il y a là à mon sens 2 façons de le voir: soit on fait partie des esprits faibles et alléchés par l'emballage qui viennent sans complexe aucun mater des culs pendant une heure et demie - ce qui fut le cas de mes insupportables voisins de fauteuil commentant chaque bout de sein PENDANT UNE HEURE ET DEMIE - soit on possède un minimum de conscience culturelle et on regarde ce film pour ce qu'il est vraiment, à savoir une fausse éloge du vice, avec cette morale toute prête en fin de parcours, après en avoir bien pris par la gueule comme il faut durant cette même heure et demie.

Cul, joints, armes, sexe, drogue, alcool, j'en passe et des meilleures, tout y est. Un beau programme qui n'attend plus que nos quatre héroïnes, parties en quête du célèbre Spring Break. Un temps qu'elles comptent bien prolonger au nom d'un bonheur pérenne, afin d'arrêter le temps dans cet instant bourré de stupéfiants, de musique, de filles en maillots et de soirées trempées plus qu'arrosées. C'est le moment que choisit Alien, l'incarnation ultime du vice, pour embarquer les filles dans son monde où les dollars trempent dans les lignes de coke au milieu des guns. Y a de la joie...

Alors, certes, le script de Spring Breakers est du genre approximatif, avec son lot de - passez-moi ces quelques expressions - "Yo !", "Vas te faire mettre putain d'enculé", "J'te nique bien profond ta sale race putain d'enculé de fils de pute !", donnant lieu à des dialogues peu fournis. Mais là où Harmony Korine a excellé, c'est dans ses visuels aux plans fièvreux et vibrants, d'où s'échappe une candeur géniale. Un ton fébrile s'accordant à merveille aux illustrations sonores et teintes electro, une ambiance propice à la transpiration des personnages comme du spectateur, happé tout du long par l'érotisme omniprésent dans le cadre.

Le montage est très réussi, de fait on se retrouve comme posé devant un clip géant tendance lobotomie. Les séquences et les plans s'entremêlent et se devancent du début à la fin, et se répètent parfois pour ressasser les mêmes images et les mêmes bouts de culs, et pour répéter inlassablement le même refrain: Spring Break, Spring Break, Spring Break...comme si on avait pas eu assez...

A vous en dégoûter, et selon moi c'est voulu, du genre Requiem for a Dream version bimbos. Ainsi, derrière ce travail de montage halluciant d'où se dégage alors un certain malaise, se cacherait-il un coup de génie ? Ce ne sera pas un film divertissant, mais il vous apprendra tout du moins que le plaisir du vice et son instant, aussi futiles soient-ils, sont à consommer avec modération. Alors: chef d'oeuvre ou essai raté ? En fin de compte je vous invite à le regarder, ne serait-ce que pour l'amour du vice...

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le 20 mars 2013

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