Une saison en enfer
Est-ce par goût de la contradiction, Harmony, que tes films sont si discordants ? Ton dernier opus, comme d'habitude, grince de toute part. L'accord parfait ne t'intéresse pas, on dirait que tu...
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le 9 mars 2013
244 j'aime
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"idiot", "sans scénario", "ennui total", "seulement des filles sexy en bikini", "musique à vomir", "je n'ai pas supporter ce montage à la MTV", "provocation gratuite"; telles étaient les expressions employées sur divers sites pour qualifier le film. Je n'ai pas l'habitude de me fier au critiques, que ce soit celles de la presse ou des spectateur; un de mes films favoris s'étant fait descendre comme jamais par la critique. Sur le papier pourtant, tout m'amenait à croire que l'allait être déçue: Vanessa Hudgens, de High School Musical que j'avais peu apprécié étant jeune, Selena Gomez qui ne m'avait pas vraiment convaincu en tant qu'actrice (Getaway, 2013) et Ashely Benson tout droit sortie de la serie Pretty Little Liars dont je me suis sérieusement lassée. Et puis il va sans dire que le synopsis comportant des expressions comme "des filles aussi fauchés que sexy" ou la bande annonce comportant effectivement les ingrédients vus et revus sexe, alcool, drogues. Restait qu'il y avait James Franco qui déjà dans les extraits semblaient le détour. Et une photographie par moment qui donnait envie. Ce film trainait dans mon disque dur et j'avais besoin d'occuper ma soirée. Vendu, médiocre ou pas j'allais voir ce film.
Il m'a été difficile de noter ce film car je l'ai trouvé intéressant, avec un propos bien plus profond qu'il n'en avait l'air mais en même temps, je n'ai pas aimé ce que je voyais. Là où je m'attendais à voir un cousin de Projet X "provoquant" et pourtant bien aseptiser pour ne pas déranger le spectateur, j'ai vu un conte dérangeant, perturbant. Ces jolies jeunes filles entrant dans une débauche sans limites, les pistolets à eau se transformant en armes de pointe, le cliché de l'adolescente pieuse qui découvre comment faire la fête. Le film raconte surtout la transformation inquiétante des jeunes héroïnes, le spring break n'est qu'une excuse, presque raconté comme un rêve : tout y semble si facile, si changeant; les parents n'existent pas vraiment, trois gamines réussisse à braquer un fast-food et à s'enfuir en toute impunité, tout semble leur sourire, tout semble être au service de leur débauche. Ce monde que nous décrit le réalisateur Harmony Korine est beau, photographique et irréel, onirique. Il rassemble tout les fantasmes que nous avons de ce que serait le spring break, construit comme un clip ou comme un souvenir, fait de répétitions, déconstructions de scènes et de voix-off qui se perdent.
Et comme tout rêve, il peut tourner en un rien de temps en cauchemar. Cette police qui vient de nul part, à l'image d'une créature effrayante, vient briser le rêve de nos belles. C'est trop tard, le mal est fait. Elle ne sont plus les innocentes en quête de sensations fortes. Déjà les deux blondes commencent à dérailler. Les couleurs jadis chaudes sont remplacées par la froideur stérile de la prison, vide. C'est là qu'intervient James Franco, dans son personnage de malfrat jusqu'au-boutiste, capable de tomber sincèrement amoureux de quatre fille en même temps, de jouer au piano du Britney Spears tout en collectionnant des armes de guerres. La rencontre entre ce personnage et les jeunes filles marquera la fin de la transformation. Et elle n'en sortiront pas indemnes. Il se forme au fil du temps un jeu de manipulation entre les différents protagonistes: c'est à celui qui ira le plus loin et la courses en laissera quelques uns sur le tapis. Je n'en dirais pas plus sur l'histoire pour ne pas gâcher le visionnage de ceux qui me lisent, si ce n'est que la suite prend une tournure à la fois cauchemardesque et totalement décalé. Car l'esthétique onirique et il faut le dire assez girly du début du film perdurera même dans les moments les plus dramatiques.
S'il y a des défauts, car il y en a, je noterai que j'ai eu du mal à m'attacher au personnages. Il sont aussi parfois un peu caricaturaux, dans leurs personnalités et dans leur gestes. On a les deux amies fusionnelles, la fille un peu artiste (les cheveux roses, tout ça) dans son monde, et la fille bien sous tout rapport participant au séances de prières du Lycée. Dommage qu'on comprennent dès le début du film qui ira jusqu'au bout de l'aventure. Quand à la musique, j'ai très bien compris pourquoi la Dubstep est utilisé ici: le caractère dissonant et transformée de la mélodie met mal à l'aise l'oreille, puisque l'harmonie est perturbé. Ecouté à travers des hauts-parleurs, ce style de musique provoque des vibrations intéressante. En fait le dubstep utilisé ici (couplé avec de la musique plus traditionnelle) sert le propos du film qui n'est pas là pour nous plaire mais pour nous déranger. Cependant, n'étant pas particulièrement fan de ce genre de son, je peux comprendre qu'on soit lassé au bout de quelques dizaines de secondes.
En conclusion, ce film est à voir, qu'on aime ou pas. C'est une experience et parfois les expériences ne nous plaisent pas. Mais n'allez pas le regarder pour ce que vous donne le synopsis officiel et la bande annonce. Croire que Spring Breakers est un clone girly de Projet X est une erreur. Allez-y sans attentes, laissez-vous emporter.
Créée
le 13 août 2015
Critique lue 309 fois
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